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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

tant de choses à la fois lui venaient ! Mais l’abbé de la Mole n’était plus là. Elle regarda une dernière fois la porte blanche du fond du corridor. Puis résignée, elle partit, la tête basse. Elle emportait son petit banc pour le replacer, en passant, à la sacristie.

Mais, le soir, elle n’y tint plus. À onze heures, elle se trouvait franchissant la porte de l’hôtel, la double clef de la chapelle dans sa poche. Il gelait à plusieurs degrés au-dessous de zéro, dans les rues de Noirfond endormi. Elle ne sentait pas le froid : peu vêtue, sans chapeau, couverte seulement d’une pelisse dont elle avait rabattu le capuchon. Elle ne fit pas un simple détour qui lui eût évité de traverser le Cours, et passa devant les fenêtres éclairées d’un Cercle. Quelques minutes après, elle s’introduisait dans la chapelle déserte, et allait droit vers l’autel, passant à tâtons au milieu des chaises bouleversées par la cérémonie du matin. Cette fois, le verrou de la petite porte derrière l’autel n’avait pas été poussé.

Dans la sacristie, le cœur commençait à lui manquer ; elle continua pourtant d’avancer, plus lentement, sur la pointe du pied. Mais quand elle se glissa dans le corridor, ce fut soudain un éblouissement : là, au fond, une vive clarté, par la porte de la chambre de l’abbé entr’ouverte…

Elle s’était avancée davantage, en s’appuyant au mur, en retenant son souffle. Elle voyait la chambre maintenant, et, dans l’enfoncement de l’alcôve, sous les rideaux lourds, le lit tout ouvert, et lui, en pan-