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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

— C’est bon, c’est bon, fit l’abbé de la Mole.

Et il dégagea doucement sa main. Il ajouta :

— Ça va très bien, n’est-ce pas ?… Malgré lui, Monseigneur ouvre de grands yeux, n’en revient pas de sa surprise… Je suis content.

Un de ces sourires comme on n’en a pas plusieurs dans la vie, passa sur le visage de madame Fraque. Il ne s’en allait pas. Pour soulever le rideau du vitrage afin de regarder la tragédie, il s’était familièrement penché sur elle, lui pesant un peu sur l’épaule. Elle se sentait presque dans ses bras, là, dans l’ombre, n’osant ni remuer, ni ouvrir la bouche, de peur d’abréger ce moment. Puis, à côté d’eux, dans la salle, comme le héros de la pièce terminait une longue tirade de fin d’acte en levant les bras au ciel, d’unanimes applaudissements retentirent. Et l’abbé de la Mole se relevant :

— Le dernier acte ne dure que quelques minutes… Je m’en vais.

Elle ne put retenir :

— Déjà !

— Oui… je vais m’assurer si l’équipage de Monseigneur est arrivé.

Elle eut tout à coup le désespoir de lui voir froncer le front. Il ajouta d’un ton dur.

— Et vous, si l’on allait vous trouver ici… Était-ce votre place ?… Allez-vous-en… Vous auriez dû vous douter que ça me déplairait.

Elle voulait répondre : ses lèvres frémissaient déjà ;