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LES FEMMES DU PÈRE LEFÈVRE.

Il fallait les voir ! Toutes extraordinaires, de corps et de visage, de tenue et d’accoutrement : un pittoresque et comique assemblage de laideurs se faisant valoir les unes les autres. Des dondons, à joues charnues et rondes comme des fesses, coiffées d’un chapeau de paille ridiculement étroit. Des manches-à-balai habillés, surmontés d’un visage en lame de couteau. Cette figure sans nez, à côté de celle-ci au nez immense, exclusif, accapareur, ayant évidemment fait tort au front et au menton. Il n’y en avait qu’une de tout à fait bossue. Mais là, à gauche de M. Lefèvre, on pouvait les compter : quatre à la file, toute une série, louchaient terriblement. Et les nippes donc ! les modes surannées, le défraîchissement des étoffes, la rareté de linge blanc ! Sur des épaules étriquées de fillette, une claire robe d’été, transparente comme une pelure d’ognon. Et autour de cette matrone vénérable, des franges usées, honteuses, en bouillie, sur une jupe à volants de velours vert, décrochée chez quelque marchande à la toilette.

— De bonnes gueules !… Lefèvre, dis, où les as-tu ramassées ?

François leur servit du madère et du vermouth. Toutes réclamaient des biscuits. On leur en apporta quatre corbeilles, qui furent vidées en un clin d’œil.

— Encore !… encore !… faisaient les femmes, la bouche pleine.

Et elles s’empiffraient comme si elles n’avaient pas mangé depuis trois jours. Certaines, prenant le café