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JOURNAL DE MONSIEUR MURE.

temps où j’étais gourmand, — comme à présent ! — où je ne savais rien de la vie, et où je portais des pantalons courts… Puis, j’ai plié ma serviette, comme d’habitude. J’ai bu à petites gorgées mon café bouillant, et je suis venu m’asseoir, ici, dans mon cabinet. Ici, un peu las et désirant rentrer en moi-même, j’ai ouvert un tiroir fermé à clef, et j’en ai sorti ces feuilles.

Les plus anciennes déjà jaunies… Toutes remplies d’Hélène…

Hélène !

Hier, le grand jour, il fallait qu’elle fût belle, et elle l’a été. Belle ! c’est-à-dire imposante et gracieuse, fière et touchante, à la fois maîtresse de maison se multipliant pour ses invités, et reine héroïque, magnétisant tout une ville féroce récemment vaincue et reconquise, elle a été cela !… Si, feu le commandant Derval, son père, avait pu la voir !…

Hier, voici. Le dîner était pour sept heures. Mais Hélène m’ayant prié d’arriver à l’avance, dès cinq heures et demie je sonnais au chalet.

Un tapis rouge dans le vestibule. Des tentures aux murs, au plafond un lustre prêt à être allumé, des fleurs partout. La petite antichambre de gauche transformée en vestiaire, avec une grande glace au fond : pour que les dames, en enlevant leurs manteaux, puissent se voir de la tête aux pieds. Moi-même, j’attachai ensemble mon parapluie et mon pardessus, et je glissai dans mon gousset le no 1.

Dans l’escalier, un tapis encore, d’autres lustres,