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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

pour la première fois, couchée à son côté.

Adèle ne se défendait pas. Elle lui abandonnait ses mains, son cou, sa taille, ses joues, sa bouche, mais sans lui rendre les baisers. Passive, résignée, elle attendait ; elle devait tellement souffrir qu’il y avait comme de l’hébétement sur son visage. Il fallait que Jacques fût à ce point exalté pour ne pas s’en apercevoir. Le coup était si violent, qu’elle ne pensait à rien. Par-dessus l’épaule du revenant, son regard fixe s’était accroché à la carotte du bureau de tabac qui se trouve à l’entrée de la rue Biot.

Le jour mourait. Disparu derrière les maisons dans la direction du parc Monceau, le soleil ne colorait plus les toits, ni les tuyaux de cheminée. Tout commençait à flotter dans une pénombre bleue, piquée çà et là de petits points jaunes. Soudain, à côté de la carotte du bureau de tabac, la grosse lanterne rouge s’alluma. Et ce fut comme si Adèle revenait à la réalité. Elle se mit debout.

— Viens, ne restons pas là… Marchons.

Jacques lui prit le bras, qu’elle ne retira pas afin de l’entraîner plus vite ! Du refuge jusqu’au coin de la rue Biot, elle se retournait à chaque instant, sondant avec inquiétude le boulevard extérieur. Devant le café-concert de la rue Biot, toujours troublée, elle regarda encore en arrière. Elle ne commença à être un peu plus tranquille que dans la rue des Dames. Puis, elle le fit