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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

jetait de tous côtés des regards inquiets, interrogateurs ; lui, n’insista pas. Et ils se séparèrent.


VII


Sa seconde nuit de Paris, Jacques dormit d’un sommeil de plomb.

En s’éveillant, le lendemain matin, dans son cabinet meublé, il se mit à réfléchir, à revivre l’écroulement de la veille. Il avait besoin de voir clair en lui, où il faisait pour l’instant aussi noir que dans le cabinet sans fenêtre. Ce qu’il éprouvait nettement, c’était une sensation d’angoisse inconnue, de découragement profond. À quoi bon s’habiller, se laver le visage et les mains, sortir, manger, voir l’un, voir l’autre, chercher du travail, s’agiter, se mettre à nouveau sur les bras des occupations, des intérêts, des soucis ? En un mot, à quoi bon vivre ? Pour rien ! Pour retomber, le soir venu, sur le même grabat de désespoir et de misère ! Vraiment, ce n’était pas la peine. Il eût été plus simple de ne pas bouger, de refermer les yeux, de se rendormir pour toujours.

Quant aux événements de la veille, maintenant que la nuit avait passé là, tout lui semblait très loin. Il ne reverrait plus Pascal ni Clara, sa femme était morte pour lui : eh bien ! il n’y avait rien de changé à la situation ! Depuis neuf ans déjà, ne se trouvait-il pas déjà privé absolument de