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JOURNAL DE MONSIEUR MURE

tié nu, en bras de chemise. La fenêtre est ouverte. Dans la glace bleuie de la bibliothèque, j’aperçois une corne du croissant mince de la lune. J’étonne encore.

Hélène est dans les bras d’un autre…

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Il y a bien longtemps de cela. La voiture de ma grand’mère était venue m’attendre à la gare, Du marchepied de la guimbarde, je ne fais qu’un saut dans le vestibule. Tom, l’imposant chien de garde, aussi haut qu’un petit âne, agite silencieusement la queue, daigne se déranger, et me souhaite le bonjour. À une patère, j’accroche en passant mon chapeau haute forme de jeune substitut qui a obtenu de son procureur une permission de huit jours, et je prends un vieux chapeau de paille à moi, un peu déchiré, mais très convenable à Miramont pour courir les champs. Et me voilà dans la vaste salle à manger du rez-de-chaussée, où je trouve tout mon monde n’attendant que moi pour passer à table. Après les poignées de main, les embrassades, au milieu des compliments et félicitations, je m’adresse au commandant Derval : « Et ma petite amie ? Où donc est allée ma petite amie ? » « — Sacré nom de Dieu de gamine !… elle se sera échappée… elle est encore sur l’aire, à faire « des cabrioles… » Et, ouvrant la porte, le veux brave se dispose à courir nu-tête, très