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LE
RETOUR DE JACQUES CLOUARD



I


À Carouge, dans la banlieue de Genève, la rue Winkelried, une courte ruelle, donne sur une large avenue qui conduit, à la ville. Carouge ressemble à Vaugirard : beaucoup d’ouvriers, de petits bourgeois ; déjà la province, à vingt minutes d’une capitale en miniature. Au milieu de la courte ruelle, une crémerie-fruiterie, dont les bottes de radis, les salades, choux-fleurs et carottes, les piles de fromages, font une grande tache gaie au milieu de la banalité des masures voisines. Le regard, accroché par cette sorte de nature morte claire, s’y arrête avec complaisance.

Le samedi, 10 juillet 1880, vers onze heures du matin, il n’y avait personne dans la boutique pleine de clarté. Seul, un gros chat, roux, dormait au soleil, étendu sur l’établi d’un savetier, qui occupait une étroite échoppe, prise dans la devanture. La tête du chat, hérissée de longues