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INFLUENCE DE LA DÉMOCRATIE

d’un accident ; mais on doit plutôt en conclure qu’il existe un rapport naturel et peut-être nécessaire entre ces deux genres d’associations.

Des hommes ont par hasard un intérêt commun dans une certaine affaire. Il s’agit d’une entreprise commerciale à diriger, d’une opération industrielle à conclure ; ils se rencontrent et s’unissent ; ils se familiarisent peu à peu de cette manière avec l’association.

Plus le nombre de ces petites affaires communes augmente, et plus les hommes acquièrent, à leur insu même, la faculté de poursuivre en commun les grandes.

Les associations civiles facilitent donc les associations politiques ; mais, d’une autre part, l’association politique développe et perfectionne singulièrement l’association civile.

Dans la vie civile, chaque homme peut, à la rigueur, se figurer qu’il est en état de se suffire. En politique, il ne saurait jamais l’imaginer. Quand un peuple a une vie publique, l’idée de l’association et l’envie de s’associer se présentent donc chaque jour à l’esprit de tous les citoyens : quelque répugnance naturelle que les hommes aient à agir en commun, ils seront toujours prêts à le faire dans l’intérêt d’un parti.

Ainsi la politique généralise le goût et l’habi-