Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/345

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chaque année en tiennent lieu, et donnent à tout le monde un travail productif. »

Plus j’étudie les règlements généraux établis avec la permission du roi, mais d’ordinaire sans son initiative, par les États de Languedoc, dans cette portion de l’administration publique qu’on leur laissait, plus j’admire la sagesse, l’équité et la douceur qui s’y montrent ; plus les procédés du gouvernement local me semblent supérieurs à tout ce que je viens de voir dans les pays que le roi administrait seul.

La province est divisée en communautés (villes ou villages), en districts administratifs qui se nomment diocèses, enfin, en trois grands départements qui s’appellent sénéchaussées. Chacune de ces parties a une représentation distincte et un petit gouvernement à part, qui se meut sous la direction, soit des États, soit du roi. S’agit-il de travaux publics qui aient pour objet l’intérêt d’un de ces petits corps politiques : ce n’est que sur la demande de celui-ci qu’ils sont entrepris. Si le travail d’une communauté peut avoir de l’utilité pour le diocèse, celui-ci doit concourir dans une certaine mesure à la dépense. Si la sénéchaussée est intéressée, elle doit à son tour fournir un secours. Le diocèse, la sénéchaussée, la province doivent enfin venir en aide à la communauté, quand même il ne s’agit que de l’intérêt particulier de celle-ci, pourvu que le travail lui soit nécessaire et excède ses forces  ; car, disent sans cesse les États : « le principe fondamental de notre constitution, c’est que toutes les parties du Languedoc sont entièrement