Page:Alexis de Tocqueville - L'Ancien Régime et la Révolution, Lévy, 1866.djvu/346

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solidaires les unes des autres et doivent toutes successivement s’entr’aider. »

Les travaux qu’exécute la province doivent être préparés de longue main et soumis d’abord à l’examen de tous les corps secondaires qui doivent y concourir ; ils ne peuvent être exécutés qu’à prix d’argent : la corvée est inconnue. J’ai dit que, dans les pays d’élection, les terrains pris aux propriétaires pour services publics étaient toujours mal ou tardivement payés, et que souvent ils ne l’étaient point. C’est une des grandes plaintes qu’élevèrent les assemblées provinciales lorsqu’on les réunit en 1787. J’en ai vu qui faisaient remarquer qu’on leur avait même ôté la faculté d’acquitter les dettes contractées de cette manière, parce qu’on avait détruit ou dénaturé l’objet à acquérir avant qu’on l’estimât. En Languedoc, chaque parcelle de terrain prise au propriétaire doit être soigneusement évaluée avant le commencement des travaux et payée dans la première année de l’exécution.

Le règlement des États relatif aux différents travaux publics, dont j’extrais ces détails, parut si bien fait au gouvernement central, que, sans l’imiter, il l’admira. Le conseil du roi, après avoir autorisé sa mise en vigueur, le fit reproduire à l’imprimerie royale, et ordonna qu’on le transmît comme pièce à consulter à tous les intendants.

Ce que j’ai dit des travaux publics est à plus forte raison applicable à cette autre portion, non moins importante, de l’administration provinciale qui se rapportait à