à se remplir ; leur population dépassait déjà cent mille hommes. On sentait qu’on ne pouvait vivre en les conservant, et on craignait de périr en essayant de les dissoudre. Tous les jours, cette question brûlante des ateliers nationaux était traitée, mais superficiellement et timidement ; on y touchait sans cesse sans oser jamais la saisir.
D’une autre part, il était visible qu’en dehors de l’Assemblée, les différents partis, tout en redoutant la lutte, s’y préparaient avec activité. Les légions riches de la garde nationale donnaient à l’armée et à la garde mobile des banquets dans lesquels on s’excitait mutuellement à s’unir pour se défendre.
Les ouvriers des faubourgs, de leur côté, faisaient en secret ces amas de cartouches, qui leur permirent plus tard de soutenir un si long combat. Quant aux fusils, le gouvernement provisoire avait eu soin de leur en fournir avec profusion ; on peut dire qu’il n’y avait pas d’ouvrier qui n’en eût au moins un et quelquefois plusieurs.
Le péril s’apercevait aussi bien de loin que de près. Dans les provinces, on s’indignait et on s’irritait contre Paris ; pour la première fois depuis soixante ans, on osait affronter l’idée de lui résister ; on s’armait et on s’encourageait à venir au secours de l’Assemblée ; on lui envoyait des milliers d’adresses pour la féliciter de