à temps et apercevoir que, du moment où il avait été décidé que ce seraient les citoyens eux-mêmes qui choisiraient directement le président, le mal était irréparable, et que c’était l’accroître que d’entreprendre témérairement de gêner le peuple dans son choix.
Ce vote et la grande influence que j’y eus est le souvenir le plus fâcheux qui me soit resté de ce temps-là. À chaque instant, nous venions nous heurter contre la centralisation et, au lieu d’écarter l’obstacle, nous y trébuchions. Il était de l’essence de la république que le chef du pouvoir exécutif fût responsable, mais responsable de quoi, et dans quelle mesure ? Pouvait-on le rendre responsable des mille détails d’administration, dont notre législation administrative est surchargée, et auxquels il est impossible et serait d’ailleurs dangereux qu’il veillât lui-même ? Cela eût été injuste et ridicule ; et s’il n’était pas responsable de l’administration proprement dite, qui le serait ? On décida que la responsabilité du président s’étendrait aux ministres, et que leur contre-seing serait nécessaire comme du temps de la monarchie. Ainsi le président était responsable, et cependant il n’était pas entièrement libre dans ses actions et il ne pouvait couvrir ses agents.
On passa à la constitution du conseil d’État. Cormenin et Vivien s’en chargèrent ; on peut dire qu’ils s’y employèrent comme des gens qui travaillent à leur propre