Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/100

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dans l’histoire des peuples de ces temps intermédiaires ; que, certes, ils ne méritaient pas qu’on l’écrivît. Néanmoins, on doit attribuer en partie à l’influence de la religion chrétienne cet adoucissement universel des mœurs, cette urbanité sous une tyrannie diversement modifiée. La plupart du temps ignorant et superstitieux, et toujours lâche, le tyran se confesse comme les autres ; et quoiqu’il reçoive toujours l’absolution des vexations, des injustices qu’il fait éprouver à ses sujets, il ne serait peut-être pas absous s’il venait à faire tuer sa mère ou ses frères, ou s’il faisait mettre à feu et à sang une de ses provinces ou de ses villes ; et dans ce cas, il n’obtiendrait cette absolution, qu’en rachetant à un prix excessif, et par sa soumission totale aux prêtres, l’énormité peu commune d’un tel crime.

Je laisse à celui qui voudra comparer les effets des tyrannies anciennes avec ceux des tyrannies modernes, le soin de décider si c’est un bien ou un mal, que les mœurs, en s’adoucissant, aient rendu les tyrannies moins féroces, mais en même-temps plus sûres et plus durables que les anciennes. Quant à moi, ne voulant en parler qu’en passant, je dirai que de nos jours un Néron