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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/104

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vraiment le faux honneur, et si en s’identifiant avec la peur, il devient le principal ressort d’un tel gouvernement, il doit en résulter, et il en résulte en effet de faux principes et de très-fausses conséquences. L’honneur ordonne, sous la tyrannie, que jamais on ne manque de foi au tyran. Dans la république, l’honneur impose comme un devoir, de tuer quiconque veut se faire tyran. Pour juger lequel de ces deux honneurs est le véritable, examinons un peu quelle est la foi que l’esclave ne doive pas violer envers le tyran. Rompre la foi donnée est une chose qui doit déshonorer l’homme sous toute espèce de gouvernement ; mais cette foi doit être librement jurée, point arrachée par la violence, point maintenue par la terreur, point illimitée ; point aveugle, point héréditaire, et sur toute chose, cette foi doit être réciproque. Chaque tyran moderne, en posant sur son front la couronne de son père, a aussi juré une foi quelconque à ses sujets, qui, déjà annullée et violée par ce père, le sera doublement et également par lui. Le tyran est donc de nécessité toujours le premier à être parjure et déloyal. Il est donc le premier à fouler aux pieds son propre honneur, et avec lui toute autre chose. Et