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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/106

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que lorsque l’homme exerce librement sous la protection de lois invariables, les droits sacrés que la nature lui a donnés. C’est encore ainsi, que sous la tyrannie on ose donner le nom de sénat à un assemblage informe de vieillards choisis par le prince, revêtus de pourpre, et spécialement savans dans l’art de la servitude[1]. C’est ainsi enfin, que dans la tyrannie on appelle du nom sacré d’honneur l’impossibilité démontrée d’être justement honoré par les bons comme d’être utile à la société.

Mais pour nous assurer davantage que notre honneur n’est pas le véritable, comparons-le un peu plus précisément à celui des républiques antiques dans ses causes, dans ses moyens et dans ses effets, et alors nous rougirons bientôt de proférer un tel nom ; et en disant que nous ne connaissons pas toute sa valeur, nous excuserions du moins par une telle ignorance une grande partie de notre infamie. L’honneur antique commandait aux peuples libres de sacrifier leur

  1. Peut-on déshonorer ainsi la gloire de ces anciens sénateurs Romains, de ces défenseurs de la liberté, en donnant leurs noms aux défenseurs de la tyrannie ?