Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/108

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lorsqu’elles sont refusées totalement, éteignent tout-à-fait l’honneur dans le cœur de ses esclaves. Les conséquences de ces deux honneurs bien différens sont très-faciles à déduire. Liberté, grandeur d’âme, vertus domestiques et publiques, le titre et l’heureux état de citoyen ; voilà quels étaient les doux fruits de l’honneur antique. Tyrannie, férocité inutile, vile cupidité, esclavage et crainte ; voilà incontestablement quels sont les fruits amers de l’honneur moderne. Les Grecs et les Romains étaient enfin les enfans de l’honneur véritable et bien dirigé. Tous les peuples actuels de l’Europe (excepté les Anglais) sont les fils du faux honneur moderne. En comparant entre eux, ces peuples, les différens degrés de bonheur et de puissance qu’ils ont acquis, les grandes choses qu’ils ont faites, la renommée qu’ils obtiennent et celle qu’ils méritent, on parvient à avoir une mesure juste et parfaite de ce que peut dans le cœur de l’homme l’amour sublime du véritable honneur, sur-tout lorsque ce désir ardent est bien dirigé et nourri par un gouvernement sage et libre, ou bien lorsqu’il est diminué et entravé par un gouvernement tyrannique.

« Mais, me dira-t-on, que le principe soit