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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/109

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bon ou mauvais, le sacrifice que l’on fait de sa vie pour maintenir la foi donnée, l’exposer pour venger des injures privées, tout ceci suppose certainement une grande vertu ». Je ne nie pas que sous les tyrannies il n’y ait beaucoup de personnes nées pour la vertu, et capables de l’exercer. Je regrette seulement de voir cette vertu faussement employée à soutenir et défendre ce vice, et par là, à se dénaturer et à se détruire elle-même. Et quel est l’écrivain politique qui osera appeller vertu un effort, quelque grand qu’il soit, qui au lieu de servir au bien public, doit produire le mal général et la prolongation des malheurs publics ?

Mais pourquoi donc ces hommes si pleins de courage et de faux honneur, prodiguent-ils leur vie pour le tyran ? Pourquoi ne la sacrifient-ils pas, cette vie, avec plus de raison et de vertu, pour lui arracher la tyrannie ; et quelle valeur inutile, puisqu’il n’en résulte aucun bien que cette valeur farouche avec laquelle, sous la tyrannie, on venge ses offenses privées ? Pourquoi ne l’emploie-t-on pas tout entière contre le tyran, qui ne cesse pas un moment d’outrager la société de la manière la plus épouvantable ? Et cette foi aveugle que l’on conserve si opiniâtre-