Aller au contenu

Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hir, mais soit qu’ils s’accordent entre eux, et que par envie l’un de l’autre, l’autorité usurpée reste dans les mains de tous, et voilà alors la tyrannie aristocratique créée ; ou bien que parmi ces nobles il s’en trouve un plus adroit, plus vaillant et plus criminel que les autres, qui, trompant les uns, persécute ou détruit les autres, et feignant de prendre le parti ou la défense du peuple, devient le maître absolu de tous ; voilà l’origine de la tyrannie d’un seul, et comment cette tyrannie prend toujours sa source dans la suprématie héréditaire d’un petit nombre.

La tyrannie portant avec elle-même nécessairement la lésion et le préjudice de la majorité, elle ne peut jamais être créée ou être exercée par tous, qui certainement ne voudront jamais la lésion et le préjudice d’eux-mêmes.

Je conclus donc, quant à la noblesse héréditaire, que les républiques dans lesquelles elle est déjà établie, ne peuvent se maintenir libres d’une véritable liberté politique, et que cette véritable liberté ne pourra jamais s’établir à la place de la tyrannie, ou s’y maintenir après son établissement, tant qu’il y aura des nobles héréditaires ; et