Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/114

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les peuples esclaves dans leurs révolutions, ne feront que changer de tyran, toutes les fois qu’ils ne détruiront pas avec lui cette noblesse.

C’est ainsi qu’à Rome, après la chute des Tarquins et l’éloignement des dangers communs, les patriciens restant plus puissans que le peuple, elle ne fut vraiment libre et grande qu’à la création des tribuns du peuple. Cette magistrature populaire combattant à forces égales la puissance patricienne, et se trouvant assez forte pour l’arrêter sans la détruire tout-à-fait, elle forçait les nobles à rivaliser de vertu avec le peuple. Il en résulta pendant longtemps le bien universel : mais le germe destructeur restait toujours dans le sein de la république ; et après l’accroissement général de la puissance et de la richesse, l’orgueil et la corruption des nobles se développèrent avec plus de force, et ces hommes dépravés détruisirent en peu de temps la république.

Machiavel observa le premier, avec la profondeur et la sagacité qui lui sont communes, ce que Montesquieu a développé après, avec un peu plus d’ordre, que cette rivalité entre la noblesse et le peuple avait été pendant plusieurs siècles le nerf, la