Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/131

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sus de chaque individu et de l’universalité, puisqu’ils sont choisis par un seul, supérieur à tous, puisqu’ils ne rendent aucun compte de leurs opérations, excepté à lui, et puisqu’enfin rien ne leur est imputé à crime, si non le malheur de lui avoir déplu ou de lui avoir nui en quelque chose, ce qui veut dire clairement, d’avoir servi ou tenté de servir l’intérêt de tous, ou de la majorité. Mais si j’ai démontré suffisamment, comme je crois l’avoir fait, que sous les tyrannies de l’Orient, les tyrans emploient les mêmes moyens que dans celles de l’Europe, examinons maintenant quelles sont les différences qui paraissent exister entre leurs effets, pourquoi elles s’y trouvent, et si elles sont en faveur des Européens ou contre eux.

Les tyrans orientaux se montrent rarement en public, et sont inaccessibles en particulier. Nous voyons les nôtres journellement, mais cette vue ne diminue pas plus notre peur que leur puissance. Il est vrai que cet examen que l’on fait du tyran affaiblit un peu la stupide vénération qu’on a pour lui, mais la haine doit rester la même, et avec elle le chagrin et l’ennui doivent s’accroître.