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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/136

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ce qu’ils ont, mais ils croient que les choses doivent être presqu’ainsi ; et si le tyran vient à outrepasser les limites de son pouvoir envers l’universalité de ses sujets, ils savent s’en venger, quoiqu’ils ne pensent jamais à éteindre ou à diminuer la tyrannie. Les peuples de l’Europe ne possèdent pas leurs biens avec plus de sûreté que ceux de l’Asie, quoiqu’on emploie pour les en dépouiller des manières différentes et plus polies. Ces peuples savent quels sont les droits de l’homme, et comment pourraient-ils les ignorer ? Ne les voient-ils pas heureusement exercés par un petit nombre de nations qui se conservent libres au milieu de la servitude générale ? Ils voient chaque jour le tyran ajouter aux excès de son pouvoir, et sur-tout augmenter les taxes pécuniaires ; cependant l’avilissement et la lâcheté des peuples de l’Europe sont parvenus à un tel degré, qu’ils n’osent pas tenter une juste et louable vengeance, et encore moins essayer de reconquérir les droits qu’ils tiennent de la nature et qu’ils connaissent si inutilement.