Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/14

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ce petit préambule, j’avais conçu une définition suffisamment exacte et précise du tyran, que j’avais placée au commencement de ce chapitre ; mais dans un autre livre écrit après, et imprimé avant celui-ci. ayant eu besoin de définir le prince, il m’est arrivé, sans m’en apercevoir, de me servir de la définition du tyran ; ainsi, pour ne point me répéter je la passerai sous silence en partie, et je n’y ajouterai que les particularités absolument nécessaires au sujet que je traite maintenant, et qui est tout-à-fait différent de celui du prince et des lettres, quoique également dirigé au but très-utile de chercher la vérité et de l’écrire.

Les Grecs, (ces hommes véritablement hommes) donnaient le nom de tyran, à ceux que nous appellons rois, et les anciens flétrissaient indistinctement du nom de rois ou de tyrans, tous ceux qui obtenaient, sans réserve, les rênes du gouvernement, par la force ou par la ruse, par la volonté même du peuple ou des puissans, et qui se croyaient et étaient, en effet, au-dessus des lois.

Un tel nom avec le temps devint exécrable, il devait l’être par sa nature ; et de-là nous voyons aujourd’hui que les princes