Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/144

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supporter plus facilement, et même savourer l’esclavage comme l’usage continuel et immodéré du luxe, et pour prouver en même temps que lorsque cette peste est enracinée, il ne peut plus y renaître ou y exister de véritable liberté.

Que l’on examine maintenant si le luxe peut régner dans un pays où la liberté est déjà établie, on saura bientôt lequel des deux doit céder la place. Si nous jettons les yeux sur l’histoire de tous les siècles et de tous les peuples, nous verrons toujours la liberté s’éloigner de tous les gouvernemens qui ont laissé introduire le luxe, et nous ne la verrons pas renaître avec force parmi les peuples qui sont déjà corrompus par lui. Mais comme l’histoire de tout ce qui a été n’est peut-être pas absolument la preuve infaillible de tout ce qui peut être, il me paraît que les gouvernemens libres ne peuvent opposer à l’inégalité des richesses parmi les citoyens non encore entièrement corrompus, pendant le petit intervalle dans lequel ils peuvent se maintenir tels, d’autres remèdes plus efficaces que la seule opinion. Ainsi, voulant accorder à ces richesses si injustement réparties, un moyen qui les fasse circuler, sans détruire tout-à-fait la liberté, il