Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/165

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fanfaronades d’un Français ou d’un Espagnol[1], qui se croient des êtres supérieurs à un Portugais ou à un Napolitain, il me semble entendre une brebis d’un troupeau royal, mépriser la brebis d’un paysan, parce que celle-ci pâture dans un troupeau de dix, et elle dans un troupeau de mille.

S’il y a donc quelque différence entre les tyrannies étendues, elle n’est pas dans le sens de la chose, qui est la même par-tout, mais bien dans la personne du tyran. Celui d’entre eux qui voudra surpasser en puissance les tyrans ses voisins, deviendra vraisemblablement plus despote avec ses sujets ; car il devra employer à cet effet des moyens plus violens envers eux. D’un autre côté, ayant un plus grand nombre de sujets, des affaires plus importantes, plus d’honneurs à distribuer, plus de richesses à prendre ou à donner, et n’ayant pas avec cela plus de sagesse, son autorité deviendra un peu moins fatigante dans les détails, mais également inepte et beaucoup plus difficile à supporter dans les choses importantes. Le petit tyran, au contraire, devant user de beau-

  1. Qu’on fasse attention à l’époque où Alfieri écrivait.