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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/166

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coup d’égards avec ses voisins, sera forcé par contre-coup, d’en avoir quelques-uns envers ses sujets. Il devra sur-tout se montrer circonspect dans les impôts dont il les chargera ; par conséquent, s’il veut les attaquer dans leur fortune et dans leurs biens, il faudra qu’il s’y prenne avec un peu plus de circonspection. Mais s’il veut donner issue à la manie de tout gouverner, il finira par se mêler des plus petites affaires de ses sujets ; et allant, pour ainsi dire, examiner ce qui se passe dans l’intérieur de toutes les maisons, il voudra en connaître jusqu’aux détails les plus minutieux.

Dans les grandes tyrannies, les malheureux sujets seront donc plus accablés et plus surchargés ; dans les petites, plus ennuyés ; mais ils seront toujours également malheureux sous chacune d’elles, parce que l’ennui ne cause pas aux hommes moins de douleur et de dommage que l’oppression.