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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/170

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mais par des faits, des exemples d’une vie consacrée à la liberté. Mais, puisque c’est en vain qu’on se plaint des maux dont on n’a pas le remède entre ses mains, il faut faire comme dans les plaies incurables, pour lesquelles on ne cherche point de guérison, mais seulement un soulagement momentané.

Je dis donc que lorsque l’homme, au moyen de son esprit, se trouve capable de sentir tout le poids de la tyrannie, et qu’il ne peut pas, avec le secours de ses propres forces ou de celles d’autrui, s’en débarrasser, il doit alors s’éloigner pour toujours du tyran, de ses satellites, de ses infâmes honneurs, de ses charges, de ses vices, de ses flatteries et de sa corruption, du terrein qu’il habite, des murs qui l’entourent, et enfin, de l’air qu’il respire. Dans cet éloignement sévère et absolu, qui ne peut pas être trop exagéré, il faut que l’homme y cherche moins sa propre sûreté que l’estime entière de lui-même, et la pureté de sa propre renommée, qui toutes deux finissent par se souiller, lorsqu’il approche, d’une manière quelconque, de l’atmosphère pestilentielle des cours.

L’homme sage, éloigné d’elles, se sentant