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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/172

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suprême degré, par ses co-esclaves. Il sera méprisé par ceux qui n’ayant aucune véritable idée de la vertu, croient follement au-dessous d’eux, quiconque s’éloigne des grands et du tyran, c’est-à dire, du vice, de la lâcheté et de la corruption. Il sera détesté par ceux qui, ayant malgré eux l’idée du juste et de l’honnête, suivent effrontément, par lâcheté d’âme et par dépravation de mœurs, le chemin du crime ; mais ce mépris d’une espèce d’hommes si méprisable par elle-même, sera une preuve convaincante qu’un tel homme est vraiment estimable. La haine de ces êtres si odieux par eux-mêmes, sera une preuve indubitable qu’il mérite l’amour et l’estime des bons ; ainsi, il ne doit donc faire aucune attention à ce mépris et à cette haine.

Mais si ce mépris et cette haine des esclaves se propageaient jusqu’au tyran, cet homme, véritablement homme, digne à tous égards de ce nom, parce qu’il en remplit les devoirs, pourrait être, sous la tyrannie, livré au mépris universel ; il pourrait être aussi exposé aux dangers manifestes et inévitables de cette haine. Mais ce livre n’est pas écrit pour des lâches : que ceux donc qui, avec une conduite moyenne, entre la