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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/176

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universel qui pourrait naître d’une vengeance douteuse ; car telle est la perversité de nos jours, que d’une vengeance privée, heureusement accomplie, loin d’en résulter aucun adoucissement permanent aux malheurs publics, elle pourrait encore les accroître : c’est pourquoi désirant que les bons, même sous la tyrannie, soient autant citoyens qu’ils le peuvent, et voulant, toujours qu’ils soient utiles à leurs co-esclaves, ou au moins qu’ils ne soient jamais cause de leurs malheurs, je ne conseillerais pas aux bons de troubler inutilement la paix, ou plutôt l’engourdissement général, pour se venger de la perte de leurs biens.

Mais aussi je n’oserais jamais conseiller à celui qui porte une figure d’homme, de tolérer en paix la mort cruelle et injuste de ses plus chers ou plus proches parens ; les offenses non moins atroces qui attaqueraient le véritable honneur. On peut vivre sans bien, parce que personne ne meurt de nécessité, et parce que l’homme accablé par la pauvreté, ne doit point paraître plus vil à ses propres yeux, à moins qu’il n’y soit réduit par des vices criminels ; mais on ne doit point survivre à la perte d’une personne tendrement aimée, que le tyran nous arrache