Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/177

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par la force et contre les lois de la justice ; on doit beaucoup moins encore survivre à son propre déshonneur. C’est alors que cet homme devant absolument se dévouer à la mort, par l’énormité de l’injure qu’il a reçue, ne doit plus alors conserver d’égards. Quelque chose qu’il puisse arriver, le brave doit mourir vengé : à qui ne craint rien, tout est possible.

Pour preuve unique de ce que j’avance, je n’ajouterai qu’une réflexion ; c’est que toutes les tyrannies qui ont été détruites, et tous les tyrans qui ont été assassinés ou chassés, pour exciter le premier mouvement, il n’y a jamais eu de raison plus forte que les injures exercées par le tyran dans l’honneur dans les personnes et dans les fortunes. Ce précepte ne m’appartient pas ; il est dans la nature de tous les hommes : mais cependant je conseillerais à quiconque devrait ou voudrait venger une pareille injure, de se livrer seul à l’exécution de cette entreprise, et de mettre entièrement de côté toute pensée de salut, comme vaine, basse et toujours un obstacle à toutes les vengeances magnanimes ; et celui qui ne se sent pas capable d’un tel abandon de soi-même, ne doit pas se rëputer follement capable, ni digne d’exé-