Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/18

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CHAPITRE SECOND.

Ce que c’est que la tyrannie.


On doit donner indistinctement le nom de tyrannie à toute espèce de gouvernement dans lequel celui qui est chargé de l’exécution des lois, peut les faire, les détruire, les violer, les interpréter, les empêcher, les suspendre, ou même seulement les éluder avec assurance d’impunité. Que ce violateur des lois soit héréditaire, ou électif, usurpateur ou légitime, bon ou méchant, un ou plusieurs ; quiconque, enfin, a une force effective, capable de lui donner ce pouvoir, est tyran ; toute société qui l’admet est sous la tyrannie, tout peuple qui le souffre est esclave.

Et réciproquement, on doit appeller tyrannie le gouvernement dans lequel celui qui est préposé à la création des lois, peut lui-même les faire exécuter ; et il est bon de faire remarquer ici que les lois, c’est-à-dire, le pacte social solemnel, égal pour tous, ne doit être que le produit de la vo-