Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/197

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est impossible de prévoir ce moment, et difficile de l’exécuter à temps. Je serais contraint d’exposer, d’une manière préparatoire, mille autres choses semblables dans la préface de ma République, qui, pour avoir été dites avant moi, mieux que je ne le dirais, principalement par le profond Machiavel, deviendraient tout-à-fait inutiles, et contre l’intention de l’auteur, une démonstration, précoce de l’inutilité de ce livre : et quand même cette théorie de république serait, aux yeux de tous, sage, raisonnée et convenable, aux temps, aux lieux, aux religions, aux opinions et aux mœurs diverges, elle ne serait jamais mise à exécution dans aucun endroit de la terre, sans y recevoir d’un sage législateur les nombreux changemens et les modifications qui seraient nécessaires pour une société donnée, qui sûrement doit différer en quelque chose des suppositions du législateur idéal. Mais encore lorsqu’une telle république écrite serait adaptée dans son entier à quelque peuple, toute la sagesse humaine ne parviendrait jamais à y établir un gouvernement tel que le hazard, c’est-à-dire, un événement imprévu, n’eût pas la force de pouvoir le rendre mauvais, comme aussi de l’améliorer, de le changer ou de le détruire tout-à-fait.