Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/24

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se tait à cette objection. Donc à l’autorité d’un seul puissant et armé, se joint l’autorité de ces lois prétendues, fussent-elles même d’une source divine ; toutes les fois qu’elles ne seront pas d’accord avec lui, que feront-elles ? Ne sont-elles pas impuissantes contre la force et la puissance absolue ? Elles succomberont, et en effet, nous les voyons journellement succomber ; mais si une force légitime et effective est introduite dans l’État pour créer, défendre et maintenir les lois, il est évident qu’un tel gouvernement ne sera plus une monarchie, puisque pour faire ou abroger les lois, l’autorité d’un seul ne sera plus suffisante ; c’est pourquoi le titre de monarchie, quoique synonime parfait de tyrannie, n’étant pas aussi exécré jusqu’à présent, il n’est donné à nos gouvernemens que pour assurer les princes dans leur domination absolue, et tromper les peuples en les laissant, ou en les faisant douter de leur esclavage absolu.

On trouve continuellement la preuve de ce que j’avance ici dans l’opinion même des rois modernes. Tandis qu’ils se glorifient du titre de monarque, ils montrent la plus grande aversion pour celui de tyran ; mais