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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/72

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étrangères dans lesquelles ils mettent plus de confiance ; et, par une étrange contradiction déshonorante pour l’espèce humaine, les Suisses (ce peuple presque le plus libre de l’Europe) se laissent choisir et acheter pour être les gardiens des personnes de presque tous les tyrans qui la gouvernent.

Mais, que les milices soient nationales ou étrangères, volontaires ou forcées, elles sont toujours le bras, le ressort, la base, la raison seule, et la meilleure des tyrannies et des tyrans. Un tyran de nouvelle création, commença, dans ce siècle, à établir et à conserver sur pied une armée formidable, et conservant cette armée lorsqu’il n’avait pas d’ennemis au-dehors, il nous a amplement prouvé la vérité d’un axiôme très-connu, que le tyran a toujours des ennemis autour de lui. Ce n’était cependant pas une chose nouvelle pour les tyrans d’avoir pour ennemis tous leurs sujets, et encore moins une nouveauté de les voir se soumettre, obéir et trembler, sans qu’ils soient obligés d’employer la force de tant d’armées formidables. Mais il y a une très-grande différence entre l’idée qu’on se forme des choses et les choses elles-mêmes ; il y a de plus la perception des sens, et dans l’homme, les