Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/77

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extrême, il arriverait que le peuple parviendrait à détruire beaucoup plutôt de pareils soldats.

Que l’on ne croie pas qu’il y ait contradiction, lorsque je dis que sans soldats le tyran ne pourrait se maintenir, après avoir dit, il y a un moment, qu’ils n’ont pas toujours eu des armées sur pied. En augmentant les moyens d’employer la force, les tyrans ont tellement accru la violence, que si maintenant ces moyens venaient à diminuer, la crainte du peuple diminuant avec eux, la tyrannie peut-être se détruirait tout-à-fait. Ainsi donc ces armées qui n’étaient pas nécessaires avant qu’on eût franchi certaines limites, et avant que le peuple fût intimidé ou contenu par une force effective et palpable, ces armées, dis-je, deviennent indispensablement nécessaires ; car telle est la nature de l’homme, que lorsqu’il a eu devant les yeux une force réelle et qu’il y a cédé, il ne se laisse plus intimider par une force idéale. Ainsi dans l’état présent des tyrannies européennes, elles viendraient immédiatement à cesser, si les armées permanentes venaient à être dissoutes.

Le peuple ne peut donc jamais espérer raisonnablement de voir diminuer ou dé-