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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/80

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les exécuteurs de la volonté tyrannique au dedans, et alors quel honneur peux-tu trouver à exécuter les décrets d’une puissance injuste et sans bornes contre ton père, tes frères, tes parens et tes amis ? Ou tu les considères comme les défenseurs de la patrie !… De la patrie, c’est-à-dire, de ce lieu où tu es né pour ton malheur, où tu restes par force ; où tu n’as ni liberté, ni sûreté, ni propriété inviolable ; et alors pourras-tu regarder comme honorable la défense d’un tel pays et du tyran qui continuellement le détruit et l’opprime beaucoup plus que ne pourrait le faire l’ennemi que tu combats ? n’est-ce pas empêcher enfin un autre tyran de le délivrer du tien ? que peut te prendre ce second tyran que l’autre ne l’ait déjà ravi ? Au contraire ce nouveau tyran, par une ruse nécessaire, ne devra-t-il pas te traiter d’abord plus doucement que ton ancien maître ?

Je conclus donc, et je dis que par-tout où il n’y a ni liberté, ni sûreté, il n’y a point de patrie ; et que par-tout où il n’y a point de patrie, celui qui porte les armes se livre au plus vil et au plus infâme de tous les métiers. N’est-ce pas vendre alors au plus vil prix sa propre volonté, ses amis,