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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/88

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Admettre cette autorité sans y croire me paraît une de ces contradictions humaine si répugnantes à la saine raison, qu’elle ne peut durer long-temps ; et cette non-croyance étant générale dans presque toute l’Europe catholique, il n’est pas nécessaire d’en parler davantage. Mais les peuples qui admettent l’autorité du Pape, parce qu’ils y croient comme nos ancêtres et quelques nations présentes de l’Europe, croient nécessairement ou par crainte, ou par ignorance, ou par stupidité ; si ils croient par ces deux dernières raisons, il est clair, qu’une nation stupide, et tout-à-fait ignorante, ne peut, dans l’état présent des choses, être libre ; mais si la force est la seule cause de la croyance des peuples, qui est-ce qui peut leur inspirer cette crainte ? Ce n’est pas, certainement, l’excommunication du Pape, puisqu’ils n’y ont plus de foi. Ce n’est donc que par la force qu’ils sont réduits à feindre une croyance qu’ils n’ont plus. Et par quelle force, par quelles armes ? Ce sont la force, les armes et la violence du tyran qui les opprime politiquement et religieusement. Ainsi ces peuples étant forcés de craindre l’oppression de celui qui les gouverne relativement à une chose qu’ils devraient être libres de