Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/87

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et de l’Inquisition, devenir le plus ignorant, le plus esclave et le plus stupide des peuples.

Mais, me dira-t-on, les Hérétiques croient cependant à la Trinité, et cette Trinité aux yeux du sens commun, paraît une chose certainement encore plus absurde que celles énoncées ci-dessus ; les Hérétiques ne sont donc pas moins stupides que les Catholiques. Je réponds que les Romains aussi croyaient au vol et au béquetter des oiseaux, ce qui était plus puérile et plus absurde, et cependant les Romains étaient grands et libres ; ils ne devinrent stupides et vils, que lorsque dépouillés de leur liberté, ils crurent à l’infâme divinité de César, d’Auguste et des autres tyrans plus méchans qu’eux encore. C’est pourquoi notre Trinité ne pouvant tomber sous les sens, qu’on y croie ou non, elle ne peut influer jamais sur la vie politique. Mais l’autorité plus ou moins grande d’un homme, l’autorité illimitée sur des choses de la plus haute importance, l’autorité qui se cache, qui se couvre du manteau sacré de la religion, entraîne des conséquences bien grandes, des conséquences telles enfin, que tout peuple qui croit ou admet une telle autorité, se rend esclave pour toujours.