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APOLOGÉTIQUE HISTOIRE JUSQU’AU KV « SIÈCLE

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Celse, Porphyre étaient de vigoureux jouteurs, <j n mêlaient aux réclamation ! populaire* les difficultés suggérées par la philosophie païenne, les objections rationalistes et naturalistes, tout le fatras dos systèmes et des religions du paganisme. D’autre part les hérésies d’Ari us, de Macédonius, de Sabelliua, d’Apollinaire suscitèrent drs travaux immortels. Les écoles d’Alexandrie etd’Antioche, l’amélioration du suri des chrétiens depuis l’édit do tolérance rendu par l’empereur Constantin (313) modifièrent h-s conditions, les arguments, la dialectique et le ton des apologistes. Après Glément d’Alexandrie (f215) [Exhortation aux gentils, Pédagogue, Stromates) qui définit les rapports de la raison et de la foi, parut Origène 1 185-216), qu’on a nommé le créateur de la dogmatique ecclésiastique, Harnack, ouvrage cité par Ms » Batiflol, La lit. grecque, Paris, 1897, p. 167, et dont l’influence considérable en théologie et en exégèse fut décisive au point de vue de la défense religieuse, après la publication de ses huit livres contre Celse. Cependant liusèbe Pamphile (265-340), évéque de Césarée, dirigeait contre Hiéroclès une réfutation qui succède à sa Préparation (critique de la mythologie et de la philosophie helléniques) et à sa Démonstration évangélique (preuve du christianisme par les prophéties). Si l’on ne peut guère être plus érudit qu’Eusèbe, on ne peut être plus intrépide et plus ferme qu’Athanase (296-3281 qui, dans le Discours contre les Grecs, oppose le monothéisme au polythéisme, et dans le Discours sur l’incarnation du Verbe, fait du dogme du Christ rédempteur le principe ei le cfutre de tous les enseignements révélés.

fendant qu’il continuait, contre les ariens, l’œuvre d Athanase, saint Cyrille d’Alexandrie défendait contre les blasphèmes de l’empereur Julien la divinité de Jésus-Christ (433). Enfin Théodore oppose sa thérapeutique chrétienne aux maladies mentales et morales de l’hellénisme, EXXï)Vixù)V ŒpaTisuTixT) itaOûv (437). Il faut citer, en Occident, Arnobe, vague théologien, mais igoureux polémiste (, 327), dans ses Disputationes adversus génies, l’auteur des lnslitutiones divinæ, le brillant rhéteur Lactance († 330) et surtout saint Augustin, l’incomparable génie qui dressa la Cité de Dieu, en face de l’empire, répondit aux griefs des Romains vaincus par les barbares et justifia la providence des attaques dirigées contre elle par les sectateurs des faux dieux. Ainsi, judiciaire au temps des persécutions, historique et exégétique contre les juifs, philosophique et scientifique contre les philosophes, théologique contre l’hérésie, l’apologie se transformait peu à peu en dogmatique et se modulait profondément avec la chute du paganisme.

III. Moyen âge.

I. nu Vf ad misièclb. — 1. Ko Orient. — Après l’admirable floraison du iv » siècle, et vers le milieu du Ve, les Grecs et les Orientaux se perdirent en des subtilités et des intrigues, l’eu de noms surnagent dans l’universelle médiocrité. Il faut accorder une mention aux A6yoi y.ari Nefftopiavûv xa : EuTUgiavtfffiov de Léonce de Byzance (529 à 544), /’.’ï., t. i.xxxvi, col. 1267-1396. Ces trois livres bien composés, nourris de science patristique, sont l’œuvre d’un esprit pénétrant. L’empereur Justinien (483-565) ef Maxime le Confesseur combattirent le monothélisme, mais le plus grand nom de la littérature sacrée à cette époque est Jean liamas-Cène {[ 751 ou 780) qui résuma en sa personne et en ses écrite dans une large Bynthèse tout le mouvement intellectuel des Eglises d’Orient. Si la plupart de ses OBUVreS

appartiennent à la dogmatique, à l’exégèse, à l’ascétisme,

a l’histoire, si dans le Ilr.yr, i’vi.Wem ;, il recherche les origines de la connaissance et commente Aristote avec profondeur, il appartient à l’apologétique par plusieurs de ses écrite, tels que le Dialogue contre les Manichéens, l’.t… t. civ, col. 1505-1584, la Discussion d’un Sarrasin ci d’un chrétien, ibid., col. ir>S.V l. r ». » s. et ses apo ies dirigées contre les iconoclastes (vers 786 a 73Î ou

il distingua ires nettement les cultes de latrie et de dulie

et pos, -, tous l, . s principes qui autorisent et règlent le

Culte des - ; imts et des im.i

.’. En Oa ident. — l.a lutte est surtout dirigée contre le tenace judaïsme et l’envahissant mahométisme. i a

ue de S. -ville dont les nombreux ouvrages atti le travail acharné et la vaste science, saint Isidore, mort en <kJ*i. mérite de fixer notre attention par ses deux lii : lie fide catholica ex Veteri et Nova Testaniento contra Judteos, P. L., t. i.xxxiii, col. iKi-â-’io. La question

juive devait être abordée, deux siècles après, avec ampleur, par l’archevêque de Mayence, Raban Uaur 77.")856 ?), dans son Tractalu i$ qusestionibus

et Veteri » Testament ! contra Judîeos 922. 1’I., t. t. ii. col. 101-594. Il usa contre eux de toute ressources de son savoir encyclopédique, et déploya, pour les réfuter, la vigueur qui lui avait fait poursuivre le predestinatianisine de l’hérétique Gottschalk.

Cependant convaincus d’erreur par la Bible elle-même, les juifs n’osèrent plus invoquer son autorité contre les chrétiens, et c’est à la Mischna et à la Gemara qu’ils empruntèrent leurs arguments. Un évéque de Lon, Agobard 876), les suivit sur ce terrain, dénonça les altérations que le Talmud faisait subir aux doctrines joi les assertions gratuites qu’il contenait, les erreurs dont il fourmillait et les périls dont il menaçait la foi. T l’objet de son livre Dejudaicissuperstitionibua. Mail juifs ne se décourageaient pas : entreprenants, insinuants, ils répandaient, par tous les moyens, leurs objections contre le christianisme, l’n cardinal de l’Église romaine que ses contemporains appelaient le second saint Jérôme et auquel Léon XIII conféra le titre de docteur, Pierre Damien (988-1072), leur opposa YAntilogus contra Judœos. P. L., t. cxlv, col. 42-58, et le Dialogus inter judteum et christianum, P. L., t. cxlv, col. 58-68. Ils devaient rencontrer encore un adversaire redoutable dans Pierre le Vénérable (7 1156), car l’abbé de Cluny (tait versé dans la connaissance des langues orien’On lui doit un ouvrage de controverse : Advenus J rum inreteeatam duritiem. P. L., t. CIXXXIX, col 650. Faut-il aussi lui attribuer deux livres Advenus nefandam sectani Saracenorum ? P. L., ibid., col I 720. On l’a soutenu avec vraisemblance. Sans doute, la propagande par le glaive était plus dangereuse que la prédication des doctrines musulmanes : pourtant celles-ci avaient pour elles le monothéisme qui les rend très supérieures à l’idolâtrie, une eschatologie grossière mais séduisante pour les âmes vulgaires, toujours si épi des plaisirs sensibles, enfin la polygamie qui répondait trop bien aux aspirations mobiles et a linconstan. ces peuples à la fois enfants et barbares. Il fallait donc ls combattre, d’autant plus que le mahométisme acceptait les éléments judaïques, vénérait le Christ comme un prophète et se présentait sous des apparences religieuses qui pouvaient tromper les humbli

11. 00 Mil’40 XV SIÈCLE. — C’est contre l’alliance pernicieuse des juifs et des musulmans que le dominicain Raymond de Pennafort 1 1 175-1275. prédicateur, en Espagne, d’une croisade contre li une école vouée a la publication d’apologies savantes et à l’étude (les langues sémitiques. A cette école appartient entre autres l’auteur du Pugio fidei adversus Mauros

(/ Judssos. Raymond Martini, dont l’ouvragi

au courant des questions de son temps., ,

ce qui concerne les oracles messianiques. Néanmoins, d’aucun de ces livres, estimables certes et utiles, il i possible d’extraire des principes, une méthode générale.

un enchaînement de preuves, il faut arriver jusqu’au

Mil’siècle et a l’ouvre de saint Thomas d’Aquin pour

posséder le premier modèle dune défense vraiment et rigoureusement scientifique. De veritate fidei callmlicse

contra geulilrs, libri IV, tel fut le titre de ce qu’on

nomme la Somme philosophique, qui parut peu après l’année 1961. Le quatrième livre est un exposé des pria-