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ARMÉNIE. CONCILES — LITTÉRATURE


arménienne, in-8°, Vagharchapat. 187’t (arm.). Le Nomocanon arménien (Kanounakirk) est encore inédit.

L. Petit.

III. ARMÉNIE. Littérature. — I. Langue et écriture. II. Début de la littérature chrétienne. III. Les traductions. IV. Historiens et théologiens du Ve siècle. V. Du vi c au xip siècle. VI. Du XIIe au XVIIIe siècle. VII. La littérature des deux derniers siècles.

I. Langue et écriture.

Sans rappeler ici les longues et vives discussions sur l’origine et la nature de l’arménien, bornons-nous à dire que Ton rattache communément aujourd’hui l’idiome des Urartiens, des premiers habitants du pays, au groupe ouralo-altaïque ; par sa construction, cet idiome se rapprochait beaucoup du soumérien et du dialecte particulier de la Susiane. Quant à la langue de la seconde race, des Arméniens au sens propre du mot, elle appartient incontestablement à la famille indo-européenne. Elle contient, il est vrai, bon nombre d’éléments éraniens ; aussi Pelermann, de Lagarde, Poil. Windischmann et beaucoup d’autres philologues l’ont-ils introduite dans le groupe éranien. Mais la présence dans une langue d’éléments empruntés révèle simplement les contacts que cette langue a subis, les leçons qu’elle a reçues des civilisations voisines ; c’est la grammaire seule, cette âme du langage, qui permet de fixer les liens de parenté entre idiomes voisins. Or, par sa phonétique comme par sa morphologie, l’arménien présente bien les caractères essentiels de I indo-européen. Cette question d’origine serait vite tranchée si nous possédions quelques monuments de l’antique littérature de l’Arménie ; il n’en subsiste malheureusement que des fragments peu considérables, con s par les premiers auteurs chrétiens de la nation. D’après l’hypothèse très vraisemblable de P. Jensen, la langue des hiéroglyphes dils hittites ne serait autre que le vieil arménien. P., Jensen, Grundlagenf ûreine Entzifferung der hatischen oder cilicisc/ien Tnschriften, dans Zeitschrift < !. deulsch. morgenl. Gesellschaft, t. xlviii, p. Jilô sq., 429 sq. ; Die kiliskischen Inschriften, dans Wiener Zeitschrift fur Kunde <l. Morgenlandes, 1896, p. 1 sq. Quand le déchiffrement des inscriptions de Cilicie sera venu confirmer cette hypothèse, la connaissance de 1 arménien primitif aura fait un grand pas.

Sur les anciens monuments littéraires, chants et légendes, voir

J.-B. Emin, Chants historiques de l’Arménie ancienne (arm.

anc), in-8°, Moscou, 1850 ; E. Dulaurier, Eludes sur les chants

liistoriques et les traditions populaires de l’ancienne Arménie,

d’après une dissertation de M. J.-B. Emin, dans Journal

[que, 1832, p. 1-58 ; V. Langlois, Collection des historiens,

t. i, p. ix-xi ; J.-B. Emin, Moïse de h’horen et les chanta his tes de l’Arménie (en russe), in-8°, Moscou, 1881 ; P. Vetter,

inge der alten Armenier, dans Tvtb. theol.

alschrifl, 1894, p. 48-70.

La perte des anciens monuments littéraires provient on partie de l’absence d’une écriture nationale fixe. Aux caractères, d’origine araméenne, employés avant notre les missionnaires venus des pays du sud mêlèrent les caractères syriaques ; l’écriture grecque était également en usage dans certaines régions. Comment, avec une pareille confusion, le développement des lettres il été possible ? Elles avaient besoin, pour prendre leur essor, d’un alphabet nouveau. C’est à Mesrob, surnommé Machdots, que revient l’honneur d’avoir doté sa nation d’une écriture spéciale. Il classa d’abord les sons de sa propre lui, ne d’après l’ordre de l’alphah I grec, puis il créa pour les exprimer des signes probablemenl basés pour la plupart sur ceux usités précédemment.

II. Hubschmann, Ueber Ausprache >md Umschrelbung des AUarmenischen, d&ns Zeitschrift d. deutsch. morgenl. Gcsrll*ehaft, 1876, p. 53 Bq. ; V. Gardthau den griechischen

nng der armenischen Schrift, ibid., p. 74 q,

II. DÉBITS DELA LITTÉRATURE CHRÉTIENNE.

S’il ne

presque rien <le la lilti rature païenne de l’Arménie, a littérature chrétienne i I ti elle est même,

à peu d’exceptions près, exclusivement théologique. Môme quand il compose une histoire, l’écrivain arménien semble plus préoccupé des doctrines que des événements ; c’est qu’il appartient presque toujours au clergé, unique dépositaire de la science durant le moyen âge. Aussi, retracer le tableau de la littérature théologique de l’Arménie, c’est en quelque sorte présenter tout l’ensemble du mouvement littéraire dans cette nation. Toutefois, au lieu d’une histoire complète, le lecteur ne trouvera ici qu’une esquisse rapide des plus importantes productions théologiques et historiques, avec l’indication des traductions qui en rendent l’accès plus facile. C’est à l’article spécial consacré à chaque auteur qu’il faudra se reporter pour les détails concernant la biographie de cet auteur, sa doctrine et la bibliographie complète de ses œuvres ou des travaux critiques dont il a été l’objet.

Les débuts de la littérature chrétienne en Arménie coïncident avec l’invention de l’alphabet mesrobien, c’est-à-dire avec les premières années du Ve siècle. Cf. Mesrobe l’alfabeto armeno, dans le Bessarione, Rome, 1896-1897, t. i, p. 807-810, 912-917. Les œuvres auxquelles on prétend assigner une date plus reculée sont toutes apocryphes. Tels, les Discours de Grégoire l’Illuminateur, que les Arméniens vénèrent comme une relique littéraire ; P. Vetter a prouvé qu’ils remontent à la première moitié du ve siècle, dans Nirschl, Lehrbuch der Patrologie und Patrislik, in-8’1, Mayence, 188."), t. iii, p. 219-222. Ils ont « Hé publiés à Venise, in-8°, 1838, et traduits en allemand par.1. M. Schmid, Reden und Lehrendes hl. GregoriusdesErleuchters, in-8°, Ratisbonne, 1872. — Telle encore l’Histoire de Daron attribuée à Zénob de G-lak, contemporain de Grégoire et abbé du monastère de Sourp-Karapet, dans la province de Daron. Composée en syriaque, cette histoire n’existerait plus que dans une traduction arménienne. Jean le Mamikonien, évêque du VIIe siècle, en aurait écrit la continuation. Or l’Histoire de Daron et la Continuation de cette histoire ne sont qu’un recueil de légendes, composé du VIIIe au IXe siècle et dépourvu de toute valeur historique. 11. Gelzer, Die Anfànge der arm_. Kirche, p. 123, 121 ; G. Khalatianz, Zénob de Gtak. Étude critique (arm.), in-8 » , Vienne, 1893. Cf. Byz. Zeitschrift, t. iv (1895), p. 368-370. Cet ouvrage a été publié avec sa continuation Venise, in-8°, 1832 ; 2’édit, in-8°, 1889, et traduit en français par J.-B. Emin, dans Langlois, Collection des historiens, t. i, p. 333-382. — Plus célèbre encore, mais non moins apocryphe est Vlhsloire d’Arménie, qui porte le nom d’Agathange. L’existence même de cet auteur est très discutée. Quant à son Histoire, il est maintenant prouvé’qu’elle fut rédigée et considérablement amplifiée, dans la première moitié du Ve siècle, sur un original grec aujourd’hui perdu, et qu’au viie siècle cette rédaction arménienne fut retraduite en grec par un arménien, n. Sarghisian, Agathange et son mystère pnlyséculaire (arm.), in-8°, Venise, 1890 ;. T. Dashian, Agathangeet l’évêque Georgesde Syrie (arm.), in-8°, Vienne, 1891 ; o. Bardenhewer, Les Pères de l’Eglise, ti.nl. Godet et Verschaffel, in-8°, Paris, 1899, t. iii, p. 250, 262. Pour les éditions, voir Agathange. Tel qu’il nous est parvenu, le pseudo-Agathange se compose de morceaux juxtaposés et, à l’origine du moins, indépendante les uns des autres. La première partie (vie de saint Grégoire) est historique, du moins dans les traits essentiels ; quant à la seconde (actes de saint Grégoire el aintes Rhipsimiennes) et à la troisième (vision de saint Grégoire), elles n’ont rien à voir avec l’histoire. A. von Gutschmidt, Kleine Schriften, in-8°, Leipzig, 1892, l. iii, p. 394-420 ; Analecta bultundiana, Bruxelles, 1895, i. Krv, p. 121. 122.

III. Lr.s TRADUCTIONS. — C’est avec les premières années du V siècle que s’ouvre l’histoire véritable de la littérature arménienne, sous l’action combinée d’Isaac le Grand u < :  !  :, J el (l Mesrob (y 441), « celle tl