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AUGUSTIN D’ESBARROYA

AUGUSTINIANISME

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étudia et enseigna dans le collège de Saint-Thomas de sa ville natale. Mort le 10 août 1554. — El Purificador de la conciencia, in-8°, Séville, 1550 ; Alcala, 1558 ; traduit en italien par Jules Constantin de Recanati, in-12, Venise, 1581 ; Reglas para conacer quai sea peccado mortal o no, in-8°, Alcala, 1558 ; De la oracion mental, in-8°, Alcala, 1558.

Qiu’tif-Erhard, Scriptores ord. prxd., t. ii, p. 152-153 ; Hurter, Nomenclator literurius, t. IV, col. 1333.

P. Mandonnet.


AUGUSTINIANISME. (Ecole et système des augustiniens.)

Sous ce titre nous n’entendons pas donner le tableau de toutes les doctrines théologiques du grand ordre des augustins (voir col. 2476) : les indications nécessaires seront mieux à leur place dans l’article consacré à Gilles de Rome (/Egidius Colonna), le véritable fondateur de l’école augustinienne ; qu’il suffise de renvoyer à l’étude de K. Werner, Der Augustinismus des spùteren Mittelalters, in-8°, Vienne, 1883, p. 232, à Nie. Mattioli, Studio crilico sopra Egidio Romano Colonna, in-12, Rome, 1896, et surtout aux grands commentateurs ou disciples d’/Egidius, par exemple Frédéric Gavardi dans sa T/ieologia e.rantiquata juxla orthodoxam S. P. Augustini ab ACgidio Columna doctore fundalissimo exposilam, 6 in-fol., Naples et Rome, 1683-1696, abrégée par Sichrowsky, O. S. A., en 8 in-4°, Rome, 1706.

Sous le nom d’augustiniens est ordinairement désignée l’école relativement récente (et quelquefois opposée à l’école ancienne sEgidiana) de Noris, Rerti, Bellelli. Cette école est composée surtout de religieux de l’ordre de Saint-Augustin, et caractérisée par une interprétation spéciale du système de leur fondateur sur la grâce. Mais de ces augustiniens rigides ou absolus, on rapproche avec raison un augustinianisme mitigé d’autres groupes importants de théologiens, dont la doctrine a des points de contact avec celle du cardinal Noris ou de Rerti. Chez tous, rigides et mitigés, la conciliation de la grâce avec la liberté a un double caractère : d’une part, exclusion de la science moyenne des molinistes et de la prédétermination physique des thomistes, d’autre part, affirmation d’une influence infaillible de Dieu sur la volonté, influence très diversement expliquée, mais qu’on pourrait appeler avec certains auteurs une prédétermination morale. D’où : I. Système des augustiniens rigides de l’école de Noris. II. Système des augustiniens modérés représentés par le dominicain Jean Vicente, par l’oratorien Thomassin et le sorbonniste Tournely.

I. AUGUSTINIANISME RIGIDE DE NORIS, BERTI, ETC. —

I. ORIGINE ET HISTOIRE DU SYSTÈME. —

1° L’origine remonte seulement à la fin du XVIIe siècle. De tout temps, les augustins avaient adopté avec vénération les formules du grand docteur, mais comme Gilles de Rome, ils les avaient entendues avec les sages tempéraments des.mires théologiens ; sauf peut-être Grégoire de Rimini ( 1358), professeur à Paris, surnommé le tortor par vu lorum, dont on a pu citer, non sans vraisemblance, le commentaire In l. II Sent., dist. XXIX, q. I, a. 1, comme favorable a l’impuissance absolue de la nature déchue ; le grand thomiste Capréolus, In IV Sent., I. II, dist. XXVIII, q. i, a. 1, Tours, 1903, p.282sq., lui reprochait par exemple d’enseigner que tous les actes des inliiont coupables. A l’époque des disputes De auxi-Uis, les théologiens de l’ordre apparaissent divisés entre eus ri adhèrent aux divers systèmes. Dans la congrégation De auxiliis, tandis que le consulteur P. Nunnez Coronel se montrait hostile ; ’i Molina, le procureur général de l’ordre, le P. Pi bino, consulteur lui aussi, fut constamment l’avocat du jésuite. Serry, llisi. congreg. de aux., » tabula chronol. D’ailleurs, avant Molina lui même, un eh. nu, ire’régulier de Saint-Augustin, Raphaël Veno ti, exprimai ! avec une admirable clarté toute la théorie du concours simultané, de la grâce suffisante donnée à tous les hommes, etc., dans uno réfutation de Luther sous ce titre : De prsedestinatione, gratia et libero arbitrio, l. IV (en 1543). Il fait appel à la science moyenne, 1. II, c. xiv, fol. 75 2. Le baianisme ayant mis en circulation une nouvelle interprétation d’Augustin fondée sur la delectatio victrix, ces formules colorées d’augustinisme excitèrent en Belgique certaines sympathies chez les théologiens de l’ordre, qui s’efforçaient par ailleurs d’en éviter les sens erronés.

C’est le célèbre érudit, Henri Zvoris(1631-1704), plus tard cardinal, qui formula expressément le système et, par son crédit à Rome, l’acclimata dans l’école, malgré les plus vives attaques. Divers théologiens le trouvaient, en effet, exagéré dans son Historia pelagiana (1673), et ses Vindiciæ augustinianse leur parurent une apologie de plusieurs propositions jansénistes. On y lisait par exemple que chez les infidèles nul acte de vertu n’est possible parce que seule la foi peut suffisamment diriger l’intention vers la fin dernière. Vindiciæ, c. iii, § 4, P. L., t. xlvii, col. 625. D’après lui encore, la grâce suffisante, quelque nécessaire qu’elle soit pour remplir la loi et obéir aux commandements divins, est refusée à certains, même aux justes, en punition du péché d’Adam. Ibid., § 6, col. 674-675. Cette doctrine rencontra une violente opposition, et les Vindicise étaient accusées de jansénisme devant l’Inquisition. En Italie, Fr. Macedo, O. M., celui-là même que Noris appelait son ami intime, Vindiciæ, § 2, col. 601, publiait sous divers pseudonymes (par exemple Fulgence Risbroch) de violentes réfutations. En Allemagne, les attaques venaient de Jean de Guidiccioli, mineur de l’observance, et plus tard de Bruno Neusser, également mineur (1676) ; en Espagne, du bénédictin Em. Navarro (1695) ; en France du P..1. Ilardouin (sous le pseudonyme d’un docteur de Sorbonne).

La doctrine se répandit rapidement dans l’ordre, spécialement à Louvain. Bientôt en Espagne, Pierre Mansos souleva une tempête par son livre : De virtutibus infidelium ad mentem S. Augustini. L’école thomiste ne lui pardonnait point les attaques contre la prédétermination, ni les autres écoles la délectation victorieuse de Jansénius. Le livre fut prohibé par l’Inquisition espagnole en 1722, et l’auteur le retoucha sans le rendre plus acceptable ; la controverse fut surtout amère avec le bénédictin Navarro. — En Italie, le gênerai de l’ordre, Fulgence Bellelli, accentua le principe fondamental du système, en publiant deux ouvrages, l’un sur l’état d’Adam avant le péché, l’autre sur la grâce de l’homme déchu. Mais nul n’égala l’activité et la fécondité de Laurent lierti (1696-1766). Sur l’invitation du général de l’ordre, Schiaffinati, il écrivit une exposition méthodique de la théologie augustinienne dans son De theologicis disciplinis. Ce grand ouvrage a une vraie valeur ; mais il raviva les inquiétudes de ceux qui, ayant Combattu h’jansénisme, croyaient en retrouver les germes chez Berti. Les archevêques de Vienne (Jean d’Vse de Saléon, 1669-175 :  !) et de Sens (Languet de Gergy, 1677-1753), le chanoine de Soissons de Gorgue, uite J.Carpani, établirent successivement le parallèle entre le jansénisme et la doctrine de Rerti. Celui-ci publia apologie sur apologie, et s’en prit même à Zaccharia, Mais peu à peu l’enthousiasme se refroidit, et il f’.mt reconnaître que le système compte aujourd’hui peu de partisans. Il a été encore très clairement expos, dans les Tnstitutiones theologicee du I’. Marcelli, 0. s. A. i ; isni i. publiées seulement en 1845, el par le P. Keller, (i. s. A., dans le Kirchenlexikon, 2e édit., 1. 1, col. 16671669.

Les déclarations pontificales sur ce système et le bref de Benoît XIV (31 juillet 1149). — Souvent dénoncée à l’Inquisition, la doctrine augustinienne n’a jamais été censurée. Durant la vie de Nons, i’Ristoria pelagiana,