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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/498

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AUGUSTIN1 NISME

trois fois cnnmico à un examen rigourem (Intimai des Ui, 1696, p, 130 échappa è toute condamnation et l’auteur, déjà consulteurdu Saint-Office soua Clément X. fui appelé i Rome par Innocent XII. qui lui confia la Bibliothèque raticane (1692 et le décora de la pourpre (1695. Berti â son tour lui dénoncé ; mais Benoit XIV. qui avait conçu pour lui une haute estime, chargea Fortunai Tamburini et Joachim Beaozzi, plus tard cardinaux, d’examiner ses écrits, et lea deux jugea en louèrent l’érudition etla doctrine. Benoit XIV lit plni eni non seulement dans s., constitution du 31 mars 1746, il appela oris, mort depuis quarante ans, Ecclesim splenistimum lumen, mais, les pères augustins se plaignant que l’inquisiteur général d’Espagne, François Pérez de Prado, eût inséré en’rl dans l’Index espagnol ÏHistoria pelagiana de Noris, le pape blàina l’inquisiteur dans un bref du : îl juillet I748, et exigea, par une autre lettre (19 février 1749), que le livre fût retiré de [’Index : ce qui fut exécuté seulement en 1758, par le successeur de Pérez. Le premier de ces brefs est très important : il autorise les trois systèmes, thomiste, moliniste et augustinien ; la partie principale en sera donnée à l’article AUGUSTINISME.

II. EXPOSÉ nu système.

Les auteurs ne nient point que leur système ait une grande affinité apparente avec celui des jansénistes, parce que de part et d’autre ci a voulu garder les formules augustiniennes ; mais ils affirment très sincèrement que leur interprétation du grand docteur est toute différente de celle de Jansénius. Nous ramenons tout à quatre théories capitales : 1° la différence des deux états avant et après le péché ; 2° la délectation victorieuse ; 3° la distribution de la grâce ; 4° la charité.

d re théorie : conception particulière des deux états de l’homme innocent et de l’homme tombé. — C’est la clef de voûte de toute l’action divine dans le monde et de tout le système des augustiniens.

1. Vétat d’innocence dans Adam n’est pas conçu seulement comme l’état primitif, mais comme l’état normal, régulier, naturel de l’humanité ; les dons d’immortalité, de science, d’intégrité et même de grâce sanctifiante sont les conditions nécessaires de l’existence humaine. Kn d’autres termes, Dieu ne pouvait créer Adam sans lui conférer tous ces privilèges : Vétat de pure nature, tel que les théologiens l’ont compris, sans péché originel et sans grâce habituelle, avec la concupiscence, l’ignorance, la mort, etc., est une chimère impossible. Si on leur oppose que l’ordre surnaturel est ainsi anéanti comme dans le jansénisme, puisque la grâce serait due à l’homme, ils répondent : elle n’est point due aux exigences de la nature humaine, mais seulement réclamée par la sagesse et la honte de lueu. ex decenlia creatoris : ainsi elle reste surnaturelle.

2. L’état de l’humanité déchue n’est pas caractérisé par la perte de dons et de privilèges surajoutés à sa nature, comme l’enseignent en général les théologiens avec saint Thomas, mais par la privation de biens qui lui étaient dus. L’humanité est en elle-même blessée, mutilée. — a) La concupiscence est une blessure qu’on ne saurait concevoir sans le péché originel. Notre volonté est atteinte au point que la liberté change de nature. — 6) Sur le péché originel, les augustiniens veulent conserver, malgré son obscurité et les difficultés qu’elle soulève, la formule ancienne du grand docteur ivoir col. 2395 sq.i ; le péché originel, disent-ils, a pour élément matériel la concupiscence et pour élément formel le reatus de cette concupiscence. Cf. Marcelli. — c) Sur le sort des enfants morts sans baptême, ils adoptent l’opinion sévère d’Augustin qui les condamne à des cliJti ments douloureux, même sensibles, c’est-à-dire à un véritable enfer. Marcelli, I. XXII. c. ix.

3. L’économie de la grâce est absolument différente dans les deux état » , avant et après la chute, —a) Dans

l’étal d innocence, dit Relier. O. S. A., h’iechenlerikon,

-dit. t. i, col. 1667 d’Adam était indifférente

donnant a la volonté- le pouv. non

le vouloir et laction [velle et perficere). On I appelle

atilit, parce que la volonté d Adam, -on’- ^on a pouvait d ion Qrévt déterminer a (aire le bien ou t’r. Au contraire, dans | humanité- déchue la grâce donnée est une grâce efficace qui fait que nous :.. ions en réalité, mais n’enlève point la liberté- ni le pouvoir de résister. Ainsi -ous la grâa d Adam, l’action bonne dépend principalement de la liberté humaine, tandis que soule règne de la grâce efl’e elle dépend surtout decetti ire. et bien que la volonté ait le pouvoir de résister, en fait elle ne résistera jamais » . Ces di s nt décrites dans le De reptioneet gratia (voir col. 2299. la vertatilis d’Adam l par l’adjutorium sme qu ans lequel la volonté ne pourrait pas plus agir, que loi-eau voler sans ailes, » ce efficace par l’adjutorium quo, qui donne l’action même, « semblable à la force qui dans l’oiseau cause le mouvement des ailes et surmonte les obstacles. « Keller, ibid., col. 16C8. Berti dit formellement que le système de Molina est vrai pour les anges et Adam innocent. mus n’aurait pas du être transporté- a l’homme déchu : Molum ml aliud prxstilit nisi quod gratiam conditoris in gratiam Salvatoru commutant. De thtol. discipl., I. XIV, c. vin.

b) Cette différence des deux grâces est exigée par le changement radical opéré dans la liberté. Avant la chute la volonté pouvait se déterminer elle-même au bien ou au mal. Après le péché, la liberté n’a plus la force de se déterminer elle-même au bien : elle doit recevoir sa détermination de la grâce efficace. Il en est ainsi toujours, même, dit Iierti. quand il y aurait parfait équilibre sous deux impulsions égales de la grâce et de la concupiscence. De theol. discipl., 1. XIV, c. xi. p agere et non agere in sequilibrio virium et dete, uare seipsum absi/ue efficaci Dei prssmotione, est i.t BERl ABBITRII SAM El BOBUSTI, NON AVTBM 18FIRM1. Ainsi se déterminer n’appartient plus à l’homme déchu. N’est-ce point la proclamer la mort de la liberté ?

c) La prédestination cliange aussi de nature dai deu c états. — « Dans l’état d’innocence, ainsi que pour les anges, aucun décret divin ne prédéfinissait le consentement de la volonté-, et par suilt la prédestination à la gloire était postérieure à la prévision des mérites, la réprobation à la vue des fautes. keller. loc. cit., a. : >. Au contraire, après la chute. toute prédestination soit à la grâce, soit a la gloire, est absolument gratuite et la réprobation négative est motivée par le péché originel, i Ibid., n. KL II. Cf. Marcelli. 1. XIV. c. ni. vi.

2* théorie : les deux délectations aux degrés inégaux

juent l’efficacité de la grâce. — Voilà un autre

principe essentiel du système, dont nous empruntons

les formules à Berti et surtout â Marcelli qui l’expose

avec plus de méthode dans ses Instit. theol.. 1. XXIX.

1. Préliminaires.

a Deux forces, deux délectations opposées sollicitent notre volonté- en sens contraire : l’une, la concupiscence, suscitant la délectation mauvaise (indélibérée), essaie d’entraîner le consentement libre ; I autre, la grâce, en inspirant la délectation indélibérée dans le bien, s’efforce de le Bure aimer librement. — b) La grâce actuelle, en efiet. bien qu’elle soit en même temps lumière de l’esprit et inspiration de la volonté-, actes indélibérés (excités l’un et l’autre dans l’âme par l’action de Dieu), est surtout inspiration. C’est-à-dire délectation dans le bien, qu’on peut appeler charité, comme la délectation mauvaise s’appelle cupidité. — ci Ces deux délectations peuvent avoir chacune divers degrés d’intensité et d’influence pour entraîner ii consentement libre : les tentations sont plus ou moins violente-, les inspirations divines plus ou nu sautes et pei -u.i-ives.