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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/95

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APÔTRES (LA DOCTRINE DES DOUZE)

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seul le chrétien peut participer à l’eucharistie, ix, 5, pour laquelle nous devons rendre grâce, IX, x. Le jour du Seigneur sera sanctifié par le sacrifice eucharistique, XIV, 1. Chaque jour on dira la prière que Notrc-Seigneur nous a enseignée dans l’Évangile, viii, 2, et l’on jeûnera le mercredi et le vendredi, viii, 1. Les ministres de Dieu seront honorés et reçus comme le Seigneur, XI, 1, 4 ; XII, 1 ; xiii, 1, 2. A la fin des temps auront lieu la résurrection et le jugement général, xvi. L’homme est fait à l’image de Dieu, v, 2, mais il est pécheur et il a besoin de pardon, viii, 2 pour l’obtenir il confessera ses péchés, iv, 14 ; xiv, 1, 2, Il doit aimer Dieu et son prochain, i, 2, et pratiquer cet amour en s’abstenant de tout péché de pensée, de parole et d’action, I, 3 ; II, 1, 4 ; III, iv, en pratiquant les commandements comme le lui enseigne l’Évangile, xi, 3, sans y rien ajouter ni en rien retrancher, iv, 13. Sur les fins dernières la Didaché est très explicite ; elle retrace dans son ensemble le tableau des derniers jours du monde. Elle en donne d’abord les signes précurseurs. On ne sait à quelle heure le Seigneur viendra, xvi, 1 ; en ces jours les faux prophètes et les corrupteurs se multiplieront, l’amour se changera en haine, xvi, 3, 4 ; alors paraîtra, comme fils de Dieu, le séducteur du monde, qui fera des choses iniques, xvi.l. Les hommes subiront une épreuve ; beaucoup périront, mais quelques-uns seront sauvés par l’anathème lui-même, xvi, 5. Cet anathème est probablement, Jésus-Christ, qui sera en ces jours un objet de contradiction et sur qui on a dit anathème. Gal., ni, 13 ; I Cor., XII, 3. Ensuite apparaîtront les signes de la vérité : le signe de l’expansion (probablement la croix), la voix de la trompette, la résurrection des morts, non pas de tous, mais des saints qui doivent accompagner le Seigneur, xvi, 6, 7. Alors le Seigneur viendra sur les nuées du ciel, xvi, 8.

Enseignements moraux. —

Les six premiers chapitres de la Didaché sont une catéchèse morale, où sont passés en revue nos devoirs envers Dieu, envers le prochain et envers nous-mêmes. Il n’y a rien de particulier à relever, sinon qu’après l’énumération des préceptes, il est dit : « Veille à ce que nul ne te détourne de ce chemin de la doctrine : car son enseignement serait en dehors de celui de Dieu. Car si tu peux porter le joug du Seigneur tout entier, tu seras parfait ; si cela ne t’est pas possible, fais du moins ce que tu pourras, » VI, 1, 2. Cette conclusion a été expliquée de diverses manières ; il est à croire que le joug du Seigneur est l’ensemble des préceptes et des conseils, qui ont été énumérés dans les chapitres précédents. Le chrétien est autorisé à faire seulement ce qui lui est possible, parce que tout n’est pas précepte rigoureux ; il s’y trouve mêlés des conseils de perfection.

Le culte et les sacrements. —

La Didaché est un témoin précieux de la liturgie primitive, qui en est encore réduite à ses parties essentielles. La Didaché défend de jeûner le même jour que les hypocrites, c’est-à-dire les juifs, et ordonne de jeûner le quatrième jour (le mercredi) et le jour de la préparation (le vendredi). Trois fois par jour on récitera la prière prescrite par le Seigneur dans son Évangile. Il est ordonné d’enseigner avant le baptême tout ce qui est contenu dans les six premiers chapitres. Celui qui administre le baptême et celui qui le reçoit devront jeûner ; le baptisé un jour ou deux auparavant. On baptisera aH nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dans l’eau vive ou. à son défaut, dans une autre eau, froide ou chaude, vii, 1-3 ; si l’on n’a ni de l’une ni de l’autre en quantité suffisante on versera de l’eau sur la tête trois fois, vii, 4. La Didaché affirme nettement que les péchés pourront être remis, xi, 7 ; l’àme est purifiée par la confession, IV, li ; xtv, 1. Il est parlé en détail de l’eucharistie dans les chapitres ix et x ; on y trouve reproduites les prières de bénédiction qui doivent être dites sur la coupe et sur le pain rompu, i prières d’actions de grûci repas eucharistique ces prières cependant ne sont pas des prières officielles puisqu’il est permis aux prophètes de rendre grâces à leur gré, elles se rapportent certainement à l’eucharistie, sacrifice et sacrement, xvi, 1, 2, dont elles relatent les effets ; c’est une nourriture spirituelle, x, 3, qui produit en nous la vie et la science par Jésus-Christ, x, 2, fait habiter le saint nom de Dieu dans nos cœurs, ibid., nous donne la foi et l’immortalité, qui sont révélées par Jésus-Christ, nous gratifie de la vie éternelle. Ibid. Pour participer à l’eucharistie, il faut être chrétien et saint, ix, 5 ; on se réunissait le dimanche pour la célébrer, xiv, 1, et c’est pour tenir ces assemblées que l’on devait élire des episcopoi et des diacres, xv, 1.

Le ministère chrétien, dans la Didaché, est à un état de transition ; il est plus développé que dans le Nouveau Testament, moins que dans les écrits post-apostoliques. Il est difficile de préciser les fonctions des ministres ; il est même probable que sous des noms différents et avec certaines nuances ils remplissaient les mêmes fonctions. La prédication et la célébration de l’eucharistie, le jour du Seigneur, sont les deux principales. La première paraît avoir été réservée aux apôtres et aux prophètes, avec ces deux différences que l’apôtre n’était pas sédentaire, tandis que le prophète pouvait l’être et que la mission du prophète lui venait de ce qu’il était inspiré de Dieu, inspiration qui doit être prouvée par sa conduite. La seconde paraît être celle des episcopoi, car après avoir dit qu’il fallait se réunir le dimanche pour rompre le pain et offrir un sacrifice, la Didaché ajoute : « Choisissez-vous donc des episcopoi et des diacres, » xv, 1 ; ce ne peut être que pour l’oflicef dont il vient d’être parlé, que ces ministres doivent être élus. Leur rôle cependant était plus étendu, puisqu’ils remplissent pour les fidèles le ministère des prophètes et des docteurs, xv, 1. Mais le ministère de ceux-ci était-il restreint à la prédication ? C’est peu probable, car les prophètes sont les grands-prêtres des chrétiens ; ils ont le droit de rendre grâces à leur gré après la célébration de l’eucharistie, seuls ils peuvent former des assemblées pour un mystère terrestre. Malgré ces prérogatives des prophètes, qui toutes dérivent du fait qu’ils sont inspirés de Dieu, nous croyons que le prophète était en dehors de la hiérarchie ecclésiastique, qui tendait à se fixer. La base en était les episcopoi et les diacres, auxquels s’adjoignaient dans certaines communautés, principalement pour la prédication et l’enseignement, l’apôtre, le prophète et le docteur. Seuls les episcopoi et les diacres sont dits l’objet d’un choix et d’une espèce de consécration qu’indique le terme ^etpoTovrjo-aTe, employé en parlant d’eux.

Canon des Écritures.

La Didaché parle de l’Évangile à diverses reprises, VIII, 2 ; xi, 3 ; xv, 3, i. Fait-elle seulement allusion à la tradition évangélique orale ou à un Évangile écrit ? Peut-être aux deux. Chapitre l, 3-5, elle reproduit des passages communs à saint Matthieu et à saint Luc, mais y ajoute des sentences, spéciales à chacun des deux, et ne suit exactement l’ordre ni de l’un ni de l’autre. Dans ces versets, elle a dû reproduire une catéchèse probablement orale ou une harmonie évangélique dans le genre du Diatessaron de Tatien. Il est certain cependant que la Didaché’a connu un Evangile écrit. Les termes employés le prouvent nettement : « Ainsi que le Seigneur l’a prescrit dans son Evangile, vin, 2 ; comme vous l’avez dans l’Évangile, xv, 3, 4. » Cet Évangile étail probablement celui de suint Matthieu. Deux citations, dont l’une assez longue, sont presque textuelles : Matth., vii, 6 = Did., ix, ">, et Matth., VI, .’» et 9-13 liid., viii, 2. On a relevé’66 ressemblances de texte i litre saint Matthieu et la Didaché ; plusieurs sont assez éloi nées ; quelques-unes sont évidentes. Matth., xxii, 37 = Did., i. - !  : Matth., v. 26 Did., i. 5 ; Matth., v, 5 = Did., m. 7 : Matth., xviii, 19 Did., wii, 1, etc. Voir E. Jacquier, La doctrine des doute apôtres, p. 13-45.