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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/187

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ACTE

quanto ;
b) pour l’ange, pur esprit, par un argument a priori tiré de la perfection de l’ordre de l’univers, consistant en ce que, les êtres retournant graduellement à leur premier principe, un anneau manquerait si les pures intelligences n’existaient pas. Sum. theol., q. L, a. 1, in corp. et ad 1um; Contra gent., l. II, c. xlvi ; opusc. De subst. sep., c. i, il, iii, iv, xix ;
c) pour l’âme de l’homme, esprit transcendant et immortel, par un argument général tiré de l’immatérialité de l’objet de son opération intellectuelle, l’être universel, Contra gent., l. II, c. xlvii, et par un argument spécial tiré de ce que, étant apte à connaître les natures de tous les corps, elle doit être dépouillée de toute matière, Sum. theol., Ia, q. lxxv, a. 2 ; De anima, 1. III, lect. vii; la pureté d’un acte est, en effet, en raison directe de son degré de connaissance, et celui-ci en raison inverse de sa matérialité, Sum. theol., Ia, q. xiv, a. 1 ;
d) pour les degrés des formes matérielles, par l’observation de la manière dont, dans la nature, les moins matérielles d’entre elles utilisent les plus matérielles et les font servir à leurs fins, transposant ainsi dans leur ordre le principe d’Anaxagore : ἀμιγῆ ἵνα κρατῇ. Contra gent., l. III, c. xxii, § In actibus autem.

A. Gardeil.

IV. ACTE HUMAIN.
I. Notion.
II. Décisions canoniques.
III. Historique.
IV. Ontologie et psychologie.
V. Propriétés.

I. Notion.

1° L’acte humain est l’acte dont l’homme a le domaine. S. Thomas, Sum. theol., Ia IIae, q. i, a. 1. L’homme maîtrise ses actes par sa raison et sa volonté. L’acte humain est donc l’acte de l’homme, qui procède de la volonté délibérée. Ibid., et a. 3. L’acte humain (actus humanus) se distingue ainsi de ce que les théologiens appellent acte de l’homme (actus hominis). Ibid. Lors même que des actes appartiennent à l’homme seul, comme l’acte de connaissance intellectuelle abstractive, ils ne sont pas dits actes humains ; car ce n’est pas en tant qu’actes qu’ils possèdent cette appartenance exclusive, mais en tant qu’accidents et propriétés de l’essence humaine. On en dirait autant de la physionomie de l’homme. Maîtriser ses actes est au contraire une différenciation de l’action humaine comme telle. « Dompter ses passions quelle matière l’a pu faire ? » dit justement Pascal, pour qui matière signifie même l’animalité. Ainsi, les actes communs à l’homme et aux animaux, passions ou mouvements extérieurs, peuvent devenir dans l’homme, par l’empire que sa raison et sa volonté exerceront sur eux, Ia IIæ, q. XVII, a. 7-9, de véritables actes humains. IV Sent., l. III, dist. XXXIV, q. 1, a. 1, circa finem.

2° Les actes humains se divisent en actes émis directement par la volonté et en actes commandés par la volonté. Voir V Acte élicite et acte impéré (actus eliciti, actus imperati), col. 316.

Les premiers se partagent en trois séries, selon qu’ils ont pour objet la fin ou les moyens ; la fin dans l’ordre d’intention ou dans l’ordre d’exécution. La définition de l’acte humain ne convient pas également à tous ces actes. Elle s’applique adéquatement aux actes qui ont pour objet le choix des moyens (ordre d’élection) et l’intention efficace. Le premier vouloir ne saurait avoir qu’une délibération virtuelle consistant en une certaine discrétion du bien et du mal. Billuart, De act. hum., diss. I, a. 2, Cursus theologiae, Paris, 1852, t. iv, p. 3. La délectation ou finition, d’après l’opinion reçue, est moins un acte humain qu’un complément d’acte humain, cf. S. Thomas, Sum. theol., Ia IIae, q. ii, a. 6, ad 1um ; elle n’exige pas d’acte spécial. Billuart, ibid. Les actes impérés sont des actes humains, mais par participation.

3° Tout acte humain est libre, S. Thomas, Sum. theol., Ia IIae, q. I, a. 2, sinon de la liberté objective et de spécification, du moins de la liberté subjective et d’exercice. L’acte de volonté par lequel l’homme se porte vers la béatitude (in communi) est lui-même libre de cette manière. Si je veux, je veux tout d’abord la béatitude, mais je puis ne pas vouloir. La volonté n’est nécessitée, quant à l’exercice, que dans l’amour béatifique du ciel, lequel n’est pas formellement un acte humain. Encore est-ce par l’effet d’une nécessité intérieure et non par violence. Billuart, De act. hum., diss. II, a. 2. Voir Vision intuitive. En cette vie, la raison de la liberté de l’acte humain à l’égard du bien parfait est la conception inadéquate que l’intelligence donne de ce bien parfait. Voir Liberté, Volontaire.

4° Les causes qui diminuent le volontaire ou occasionnent l’involontaire altèrent proportionnellement l’acte humain. Les principales de ces causes sont la violence, la crainte, la passion, l’ignorance. S. Thomas, Sum. theol., Ia IIae, q. vi. Voir Volontaire.

II. Décisions canoniques.

Toutes les hérésies qui nient la liberté, attaquent du même coup la notion d’acte humain. A noter la 36e proposition de Luther condamnée par Léon X : Liberum arbitrium post peccatum est res de solo titulo ; — les canons 4 à 7 du concile de Trente, session VI, De justificatione ; — les propositions 27e, 28e, 40e, 41e, 66e de Baius ; — la proposition 17e de Michel Molinos condamnée par Innocent XI, laquelle exclut pratiquement tout empire de l’homme parfait sur lui-même : Tradito Deo libero arbitrio et eidem relicta cura et cogitatione animae nostrae, non est amplius habenda ratio tentationum ; nec eis aliqua resistentia fieri debet nisi negativa, nulla adhibita industria ; — la proposition 1 des propositions jansénistes condamnées le 7 décembre 1690 par Alexandre VIII, etc. ; — les deux propositions condamnées par le même pape, le 24 août 1690.

Consulter Denzinger, Enchiridion symbolorum, 8e édit., Wurzbourg, 1899.

III. Historique.

I. bible.

Ancien Testament.

La conscience des conditions de l’acte humain est aussi ancienne que l’homme même. Sub te erit appetitus tuus et tu dominaberis illius. Gen., iv, 7. Elle apparaît dans le péché d’Adam, fait en connaissance de cause, Gen., ii, 17 ; iii, 3, avec délibération, iii, 1-6, avec volonté, iii, 7, 8, 11, 13. Saint Augustin voit dans le serpent, la femme et l’homme, la figure complète de l’acte humain. De Trinit., l. XII, c. xii, P. L., t. xlii. Le crime de Caïn, Gen., iv, 5, 16, le péché des fils de Jacob, Gen., xxxvii, 11, 28, ont tous les caractères de l’acte humain. Par contre, la Bible sait très bien faire ressortir l’acte de l’homme. Exemples : le sommeil de Noé, Gen., ix, 21, 24, les excuses d’Abimelech. Gen., xx, 2, 10. La proposition de Loth, Gen., xix, 8, tient le milieu entre l’acte de l’homme et l’acte humain. Billuart, De act. hum., diss. Ia. 9, Digr. histor. Cf. S. Augustin, In Gen., q. xlii ; Cajetan, In Gen., c. xix. On trouvera une distinction très nette de l’acte humain et de l’acte de l’homme à propos de l’homicide. Deut., xix, 4, 11 sq. Le crime de Jéroboam, spécialement châtié, est formellement délibéré. III Reg., xiii, 26, 28. A noter que, dans les livres sapientiaux et Job, les vertus intellectuelles sont représentées comme la source des bonnes actions. D’autre part, le pécheur est appelé de divers noms que la Vulgate rend par insensé. Prov., ii, 10, 12 ; xix, 8 ; xxiv, 2, 6 ; xxvii, 5 ; xxix, 7 ; Eccl., ii, 19 ; xii, 1 ; xiv, 22, 23 ; xv, 14 sq. ; xix, 18 [ἑν πασῆ σοφίᾳ ποιήσις νόμου] ; xxii, 22 ; xxiii, 1, 3; xxxii, 22, 24 ; xlix, 4 ; li, 28 ; Sap., i, 3 ; ii, 1, 20 ; viii, 7 ; ix, 19 ; x ; xiv, 20 sq. ; Ps. xiv, 2, 3 ; lxiii, 6, 7 ; xciv, 4, 8 ; cxviii ; cxxxix, 3. Toute faute que reprochent les prophètes suppose un acte d’intelligence, du calcul, le rejet délibéré d’un enseignement, l’oubli volontaire de la vérité. Is., v, 20 ; x, 1, 2 ; xxix, 15, 16, xxx, 9, 10, 11 ; xxxii, 3, 4; lv, 7 ; lix, 15; Jer., iv, 22 ; v, 4 ; xii, 16 ; Baruch, i, 17, 22 ; Ezech., xviii, 28, 31; xi, 19, 20.

Nouveau Testament.

1. Evangiles.

La notion de l’acte humain atteint dans les sentences et les para-