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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/188

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3-i !

ACTE

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boles de l’Évangile une netteté, un relief surprenants. Rappelons le sermon sur la montagne, Matin., v-vn ; les reproches faits aux pharisiens, Matth., xv, 1, 20 ; xxiii ; Marc, vu ; xii, 38-44 ; Luc, xviii, 9, les paraboles. Matth., xxv ; Marc, iv, 13, 21. —

2. Epîtres. —

La thèse de saint Paul sur les observances mosaïques est remplie d’allusions à la nécessité de vivifier les œuvres par l’intention de la fin, par exemple Gal., ii, 11, 18 ; saint Paul exalte la liberté des enfants de Dieu et leur empire sur eux-mêmes, Gal., v, 16, 26 ; la responsabilité est pour les crimes conscients, Rom., i, 18, 32 ; elle ne regarde pas ceux qui n’ont pas eu la connaissance du bien, lbid., il, 12, 29. Si la concupiscence l’emporte ordinairement chez l’homme tombé, Rom., vii, 7, 25, elle est vaincue avec l’aide de la grâce chez les enfants de Dieu. Rom., viii.

II. Philosophes anciens. —

La théorie de l’acte humain est l’œuvre des Pères philosophes, principalement saint Justin, Athénagore, Clément d’Alexandrie, saint Augustin, saint Jean Damascène, et des théologiens scolastiques, Pierre Lombard, Albert le Grand, saint Ronaventure, saint Thomas, etc. Platon et Aristote, surtout Aristote, ont fourni les données philosophiques, qui, combinées avec les données scripturaires, ont abouti à la doctrine théologique de l’acte humain, définitivement arrêtée dans la Somme théologlque de saint Thomas. Pour la contribution de Platon consulter les opoi, définitions qui résument toute sa doctrine, à la fin du second volume de l’édition Didot, p. 592 sq., spécialement 412, 18, 23, 33 ; 413, 35, 37 ; 415, 15, 16 ; 416, 51, 52, 54, 1. Pour la contribution d’Aristote lire l’Éthique à Nicomaque avec les commentaires de saint Thomas, spécialement : l. I, c. xiii, comment, lect. xx ; 1. 11, c. ii, Itct. n ; l. III, entier ; l. VI, c. i et il, lect. I, il (très spécialement le c. n).

/II. tradition chrétienne. —

1° Pères apostoliques.

La notion d’acte humain est impliquée chez les Pères apostoliques : S. Rarnabé, c. xxi, 6, édit. Funk, Opéra Patrum apostolicorum, Tubingue, 1887, t. i, p. 58, P. G., t. ii, col. 781 ; Épitre à Diognète, c. xii, 4, Funk, p. 330, P. G., t. ii, col. 1185 ; Hermas, Mand., viii : A malo absline et noli illud facerc, Funk, p. 412, P. G., t. ii, col. 931 ; Sini., V, c. vii, p. 464, P. G., t. ii, col. 9C4 ; Sim., IX, c. xviii, p. 534, 536, P. G., t. ii, col. 998 ; c. xxxiii, p. 556, 557, P. G., t. ii, col. 1008.

Pères apologistes.


S. Justin, Apol., i, n. 43, P. G., t. vi, col. 394 ; Apol., ii, n. 7, ibid., col. 455 ; Dial.cum Tryph., n. 101, ibid., col. 711 ; Athénagore, Legatio, n. 24, it-id., col. 916 ; Deresurr. mort., n. 2, 12, 18, 24, ibid., col. 978 sq. Tertullien s’attache à défendre la liberté contre les hérétiques. C’est d’elle que procèdent par un libre choix, P. L., t. i, col. 1235 ; t. ii, col. 18, 293, 295, 376, C85, 717, 916, 950, consécutif à une connaissance préalable, P. L., t. i, col.699, 1227, 1228, lesactions humaines. Dans les actions externes, P. L., 1. 1, col. 1232, les puissances sensibles sont soumises à Vempire de l’esprit (spiritus imperium), t. i, col. 1204. Les actions sont réglées par la loi divine, manifestée à la raison, t. i, col. 1227, présente à la conscience, 1. 1, col. 328, 617. L’ignorance influe sur la bonté de l’acte, t. i, col. 1232 ; t. ii, col. 999. La description de l’acte humain est complète dans le De resurreclione carnis, P. L., t. ii, col. 817, 818. Clément d’Alexandrie, Pœdagogus, L I, c. xiii, P. G., t. viii, col. 376 ; Strom., I, c. xvii, P. G., t. viii, col. 800 ; cf. col. 939 ; II, c. vi, col. 961 ; c. xiv, xv, col. 997, 1008 ; c. xvii, col. 1013, 1016 ; IV, c. v, col. 1234 ; c. vi, col. 1252 ; V, c. xiii, P. G., t. ix, col. 128 ; c. xiv, col. 144 ; VI, c. vi, col. 269 ; c. viii, col. 289, 292 ; c. xvi, col. 200, 261 ; Némesius mérite d’être consulté spécialement pour l’acte de conseil et d’élection, De nat. hom., c. xxxiii sq., alias, l. IV, c iv, v. Saint Thomas s’en sert, Ia-IIæ, q. xiii, a. 2 ; q. x : v, a. 1, 4 ; q. xvii, a. 7, 8, arg. sed contra, sous la fausse attribution de Grégoire de Nysse.

Pères théologiens.


Saint Ambroise touche sans cesse dans ses homélies aux divers aspects de l’acte humain : dépendance vis-à-vis de la connaissance, Expositio in psalm. cxvill, serm. VI, P. L., X. xv, col. 1279, n°35 ; serm. ix, col. 1324, n. 12 ; serm. xiv, col. 1391, n. 5 ; col. 1394, n. Il ; col. 1400, n. 23. Voir ibid., serm. ii, col. 1209, n. 1 ; col. 1216, n. 17 ; serm. iii, col. 1240, n. 47 ; serm. viii, col. 1307, n. 32 ; empire sur les actes, ibid., serm. ii, col. 1214, n. 13 ; serm. iv, col. 1243, n. 7 ; serm. xi, col. 1254, n. 14 ; serm. xix, col. 1474. Mêmes idées dans le De officiis, P. L., t. xvi, col. 55, 114, 522 ; De paradiso, P. L., t. xiv, col. 311, 312 ; Exp. in Ev. sec. Luc, iv, n. 63 ; vi, n. 77 ; vii, n. 85 ; Ambrosiaster, In Rom., P. L., t. xiv, col. 113, 151, 153, 167. — Saint Augustin doit être étudié. La littérature augustinienne de l’acte humain est considérable. On consultera la table de l’édition des bénédictins reproduite par Migne, P. L., t. xlvi, ou encore ]es sed contra et arguments d’autorité tirés de saint Augustin dans le Traité des actes humains de la Somme de saint Thomas d’Aquin, Ia-IIæ, q. vi à xxii, choisis avec une merveilleuse connaissance de l’ensemble de la doctrine augustinienne. Saint Jean Damascène a inspiré à saint Thomas la doctrine du consentement (consensus), que n’avait pas distinguée Aristote, I a II 1’, q. xv, des notions sur Vimperium, 6ç, i.r, q. xvi, 2, etc. C’est le chapitre xxii, De fîde orthodoxa, l. II, P. G., t. xcix, col. 939, 950, et VEthica Nie, l. III, qui ont fourni avec saint Augustin, loc. cit., l’organisation et le fond des idées du traité De aclibus de saint Thomas. Les Morales de saint Grégoire le Grand mettent en œuvre la notion traditionnelle, sans rien y ajouter. P. L., t. lxxv. Dans Pierre Lombard, Sent., l. I, dist. I ; l. II, dist. XXII, XXIII, XXIV, XXV, XXXVIII, on ne trouvera qu’une doctrine incomplète. De même chez Albert le Grand (In Sent., ibid.). Le traité de saint Thomas De actibus humanis est donc (comme le traité des passions qui le suit) une synthèse originale, dont les éléments sont d’ailleurs tirés de la tradition scripturaire, philosophique et patristique. Il fait autorité dans la morale catholique qui lui emprunte de nos jours ses solutions sans discuter ses théories. Les modifications qui y ont été apportées par Duns Scot, par divers théologiens de la Compagnie de Jésus ou par les moralistes pratiques et que nous indiquerons dans la suite de cet article, ne touchent qu’aux détails de cette synthèse. C’est là une contre-épreuve de sa solidité psychologique et ontologique.

Conclusion. —

Le caractère de la longue histoire de l’acte humain, c’est que sa notion n’évolue pas, elle se transporte à travers les siècles identique à elle-même, preuve qu’elle n’est pas moins fondée sur la nature humaine que sur la tradition. Par là se trouve réfutée la théorie évolutionniste qui considère le domaine qu’exerce l’homme sur ses actes comme le résultat de la supériorité d’un stade postérieur de l’évolution sur un stade antérieur. Voir Dugas, Analyse psychologique de l’idée du devoir, Revue philos., oct. 1897. Cf. Rev. thomiste, nov. 1897, p. 688.

IV. Ontologie et psychologie. —

La psychologie thomiste est la seule psychologie de l’acte humain qui ait été adoptée par les théologiens. C’est elle que lesSummulae morales appliquent couramment. Son caractère général est le réalisme. Elle est une ontologie et considère les actes comme des réalités ayant entre elles rapports de cause à effet, etc. Cf. Revue thomiste, 1896, p. 69 ; Gardeil, Caractère général de la psych. thom. Il va de soi que le sujet seul est l’unité agissante : c’est lui-même qui se meut à tous les degrés du vouloir.

I. psychologie descriptive. —

Les facultés, intelligence, volonté, irascible et concupiscible, forment un ensemble hiérarchisé dont les activités s’actionnent mutuellement et s’entrecroisent. Le tableau ci-joint, dont les éléments et l’organisation sont rigoureusement