Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

343

ACTE

344

empruntés à saint Thomas, représente la suite des actes oui intègrent un acte humain complet. Cf. Revue thom., loc, cit., p. 72.

I. — Actes qui regardent la fin. (Ordo intentionis, ! If, q. vm.)

ACTES D’INTELLIGENCE ACTES DE VOLONTÉ

(q. IX, a. -1, ad 3°") (q. ix, ibid.)

1° On voit le bien (q. ix, a. 1). 2- On l’aime. (Appetitus inef ficax boni proposili, q. viii,

a. 2.)

3° On jupe rationnellement qu’il 4° Un veut l’atteindre. (Aclus doit être recherché. (Judiquo voluntas tendit in ob cium synderesis proponens jectum ut asscquibile et

objectum ut convenions et conveniens, q. xix, a. 7 sq.)

assequibile, q. xix, a. 4 sq.)

II. — Actes qui regardent les moyens. 1* Ordo 2- intentionis vel electionis.

5’On recherche les moyens

de l’atteindre. (Consiiium,

q. xiv.)

7° On juge quel est le moyen

le plus propre à atteindre la

fin. (Judicium practicum,

q. xiv, a. 6 ; q. xiii, a. 3.)

6° On donne son consentement

aux moyens trouvés. (Con sensus, q. XV.)

8" On le choisit. ( Eleclio,

q. xiii.) (On se décide.)

2* Ordo executionis.

9° On décide efficacement d’un- 10’La volonté applique les

ployer les moyens. (hnpepuissances qui doivent opé rium, q. xvii.) rer, à leur acte. (Usus acti vus, q. xvi.) (Utilisation.)

11° Exécution (Usus passivus, q. xvi, a. 1) par l’intelligence

(travail intellectuel), la volonté (acte de justice), l’irascible, le

concupiscible et la puissance motrice.

42" Jouissance de l’intelligence et de la volonté dans la possession de la fin. (Fi’uitio, q. XI.)

Remarques  :

1° En fait, l’acte humain ne comporte pas toujours tous ces acies, soit que la volonté suspende son activité, Sum. theol., I a II*, q. viii, a. 3, ad 3 um, soit que certains intermédiaires ne soient pas explicitement posés (par exemple le conseil dans le cas d’un seul moyen).

2° Entre chacun des actes, il y a place pour des intermédiaires, consentement, élection, application, ibid., q. xvi, a. 4, ad 3 um, et pour les actes intellectuels corrélatifs. Le pouvoir réflexif de l’intelligence et de la voluiité autorise cette multiplication, et la nécessité de réfléchir sur l’utilité de poser un des actes intermédiaires, par exemple de se consulter (acte 5), s’impose parfois. Une jouissance partielle (acte 12) accompagne d’ailleurs chaque opération.

3° De là vient que les thomistes multiplient les actes qui intégrent un acte humain, ou en restreignent le nombre, selon qu’ils les considèrent dans leur marche rectiligne vis-à-vis d’un objet déterminé, ou tiennent compte du pouvoir réflexif. Cf. Cajetan, In Summam, I a II*, q. xvi, a. 4. Dans le premier cas, ils ne comptent que les douze actes signalés. Goudin, Ethica, q. il, a. 3 ; Billuart, De act. hum., diss. III, Proœmium, § Hortum omnium.

4° Les scotistes et les anciens théologiens jésuites ont au contraire une tendance à simplifier l’acte humain en confondant plusieurs actes ensemble, par exemple l’imperium et ïelectio (Vasquez). Le R. P, Frins adopte la description thomiste (p. 318) dans son traité De actibus humants onfàlogice et psych. spectatis, Fribourg-en-Brisgau, 1897, et réfute Vasquez, n. 397-400.

II. PSYCHOLOGIE FONCTIONNELLE- —

L’intelligence un ni la volonté en la spécifiant par l’objet qu’elle lui présente ; la volonté meut l’intelligence, se meut elle-même, meut les puissances sensitives, l’irascible, le concupiscible et la puissance motrice en les appliquant à leurs actes. Sum. theol., 1* II », q. ix, a. 1 et ad 3 um. Les conditions de fonctionnement des premiers actes des deux séries intellectuelle et volontaire diffèrent des conditions des actes suivants : c’est la loi de tout ensemble d’activités causantes et causées. Examinons-les séparément.

1° Actes dans lesquels nous sommes mus par un principe extérieur. —

C’est le premier acte de volonté, amour intellectuel ou pur vouloir, voluntas. Sum. theol., I* II*, q. vm. —

a) Du côté de l’intelligence, son principe spéci/icateur est le bien, a. 1, le bien voulu pour lui-même, c’est-à-dire la fin. Ibid., a. 2. Le fonctionnement de l’acte humain débute donc nécessairement par une dépendance objective vis-à-vis d’une fin, qui se ramène à une fin dernière, I a II*, q. i, a. 4, laquelle est unique à un moment donné pour chaque individu, a. 5, de laquelle tout vouloir dépend, a. 6. La fin ultime commune à tous les hommes, a. 7, est le seul bien universel, q. ii, a. 6, 7, lequel ne peut être que Dieu, a. 8. Cf. Revue thomiste, mai-juillet 1898 : Gardeil, Les exigences objectives de l’action. Dieu, cependant, n’est pas voulu explicitement dans toute volition, mais seulement le bien universel ou parfait : bonum perfectum. Ibid., q. i, a. 4. Ce bien universel doit être conçu comme contenant la bonté de toutes choses, et non comme une abstraction vide. Scot, IV Sent., 1. I, dist. I, q. iii, a. 1 ; 1. II, dist. XLIX, a nié cette dépendance de tout l’organisme volontaire vis-à-vis d’une fin ultime. Cajetan le réfute, In Summam, I a II*, q. i, a. 6 ; q. viii, a. 1. Le fond de l’opposition de ces deux théologiens est une conception différente de l’autonomie de la volonté et du rôle de l’intelligence. Cf. Vacant, Études comparées sur la p/iilosophie de saint Thomas d’Aquin et sur celle de Duns Scot, Paris, 1891, p. 26, 27 ; Pluzanski, Essai sur la phil. de Duns Scot, Paris, 1887, p. 92-97.

b) Si de l’objet du premier acte de volonté nous passons à ce qu’il est subjectivement, nous trouvons un acte à la fois éminent et inefficace : inefficace au point de vue rationnel en tant que c’est un simple amour qui a besoin pour s’imposer d’être approuvé par l’intelligence des premiers principes relatifs au bien (la syndérèse ) ; éminent au point de vue volontaire, parce qu’il contient virtuellement tous les vouloirs subséquents qui ne feront que le confirmer (intention) ou s’exercer pour son service (du conseil au précepte). Il se retrouvera substantiellement identique dans la fruition (acte 12), avec la seule différence de la possession au désir. — Cet acte éminent dont l’action causale se répercute sur tout le fonctionnement de la volonté en quête des moyens, requiert pour s’exercer une motion du dehors. Sum. theol., I a II*, q. IX, a. 4. Le seul moteur proportionné à une inclination qui a pour objet le bien universel ou parfait est Dieu. Ibid., a. (5. Cette motion est parfaite et universelle de la perfection et de l’universalité mêmes de l’objet auquel, sous son instinct, tend la volonté. Elle contient virtuellement toute l’activité dynamique qui se développera dans les passages ultérieurs de la volonté de la puissance à l’acte. Ibid., ad 3 um.

2° Actes dans lesquels la volonté se meut elle-même. Sum. theol., I a II », q. ix, a. 3. —

Constituée en acte par la motion divine, la volonté se détermine par elle-même aux actes suivants qui forment un tout continu. Cette continuité est expliquée dans la doctrine de Scot par la naturelle sympathie des puissances enracinées dans une même âme, IV Sent., 1. II, dist. XLIï, ad i an > quæst., S Rcspondeo præmïltendo très. Les théologiens jésuites appliquent ici la doctrine du concours simultané. Conimhricenses, De anima, 1. III, c. xiii, q. v, a. 3. Saint Thomas relie les différents membres de l’acte humain par l’acte qu’il nomme utilisation (usus activas) Sum. theol. I a II », q. îx, a. 1. L’utilisation est nettement caractérisée par lui comme motion instrumentale, q. xvi, a. 1, 4, ad 3 um ; sa présence est reconnue entre chaque chainon de la série volontaire.