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AARON

Aaron et ses fils à l’entrée du tabernacle, à part et en vue de tous. Après leur avoir fait prendre un bain de purification, il les revêtirait de leurs ornements sacerdotaux et consacrerait leurs mains par une onction sainte. Ils imposeraient ensuite leurs mains sur les animaux destinés à être immolés. Moïse marquerait du sang du bélier de consécration l’extrémité de leur oreille droite et les pouces de leur main et de leur pied droits, il en aspergerait aussi leurs personnes et leurs vêtements. La consécration ainsi achevée, les nouveaux prêtres offriront eux-mêmes des oblations et des victimes comme prémices de leur sacerdoce. Ils mangeront une partie de la chair du bélier de consécration, et toutes ces cérémonies seront répétées pendant sept jours consécutifs. Exod., XXIX. Les fonctions particulières du grand-prêtre à la fête de l’Expiation sont décrites. Exod., xxx.

Quand les instruments du culte et les vêtements sacerdotaux eurent été confectionnés par les ouvriers choisis de Dieu et remplis de son esprit, Exod., xxxvi-xxxix, Moïse érigea le tabernacle, Exod., xl, promulgua les prescriptions relatives aux sacrifices, Levit., i-vn, puis consacra Aaron et ses fils conformément aux ordres qu’il avait reçus de Dieu. Levit., viii, 1-36. Cf. Eccli., xlv, 7-21. Un psalmiste, Ps. cxxxii, 2, a célébré l’onction sacerdotale d’Aaron par Moïse comme le gracieux symbole de l’union fraternelle. L’huile parfumée, répandue sur la tête du grand-prêtre, découla naturellement sur sa barbe et sur le bord de ses vêtements. Cet écoulement signifiait que les pouvoirs et les grâces du sacerdoce dérivaient du grand-prêtre sur les simples prêtres. S. Thomas, Sum. theol., I a II æ, q. en, a. 5, ad8um et9um. Il signifiait aussi, d’après le psalmiste, les bénédictions divines se répandant par le sacerdoce sur tous les fils d’Israël. 3° Son exercice des fonctions sacerdotales. — Les fêtes de la consécration terminées, Aaron offrit pour la première fois des victimes pour le péché, des holocaustes et des offrandes pacifiques. Puis, il bénit le peuple et la gloire du Seigneur se manifesta à la multitude, afin d’approuver et d’autoriser ostensiblement le nouveau sacerdoce. Levit., ix, 1-24. Le même jour, un feu, allumé par la colère divine, dévora les fils d’Aaron, Nadab et Abiu, qui avaient mis dans leurs encensoirs un feu profane et étranger. Cette terrible punition montrait à tous que Dieu exigeait des prêtres l’observation la plus exacte des moindres prescriptions du culte. Aaron le comprit et se tut. Moïse lui défendit de porter le deuil de ses fils ; il ne le blâma pas cependant, quand il sut que la douleur l’avait empêché de manger les restes du sacrifice pour le péché. Levit., x, 1-3, 6, 16-20. Aaron célébra la fête de l’Expiation. Levit., xvi, 1-34. Les préceptes relatifs aux sacrifices et à la pureté des sacrificateurs, lui furent transmis par Dieu lui-même. Levit., xvii. XXI, xxii. Aaron fit avec Moïse le dénombrement des tribus, Num., i, 44 ; il reçut directement de Dieu des ordres pour les campements et les marches, Num., Il, 1, et pour le service des lévites. Num., iv, 1. Il plaça dans le Saint le chandelier d’or, Num., VIII, 1-4 ; il présenta les lévites au jour de leur consécration. Num., viii, 11. 19-22. Les Israélites impurs le consultèrent avec Moïse pour la célébration de la Pâque au Sinaï. Num., ix, 0. Quand avec Marie, sa sœur, il murmura contre Moïse, et discuta sa supériorité au sujet des dons divins, le Seigneur lui répondit que Moïse en avait reçu plus que lui. Num., xii, 1-9. Ses pouvoirs sacerdotaux furent discutés i l’instigation de Coi’ : Les séditieux réclamaient légalité spirituelle de tous les Juifs et méconnaissaient la hiérarchie établie par Dieu ; le Seigneur manifesta clairement sa volonté et fit périr les lévites révoltés. Num., xvi, 3-40. Cf. l’s. CV, 16-18 ; Eccli., xi.v, 22-27 ; Sap., xviii, 2(1-25. I.e peuple, qui murmurait le lendemain contre Moïse et Aaron, fut frappé par Dieu d’un mal dévastateur. Aaron mit du feu de l’autel dans un encensoir, jeta de l’encens dessus et courut au milieu de la foule qui périssait. Debout entre les vivants et les morts, il offrit de l’encens, pria pour les coupables et, grâce à son intercession, le fléau cessa. Num., xvi, 41-50. Cette double intervention divine prouvait clairement que Dieu avait choisi et désigné lui-même Aaron pour le chef de son sacerdoce. Afin d’empêcher toute contestation nouvelle, le Seigneur voulut encore confirmer par un miracle le sacerdoce aaronique. La verge d’Aaron, placée dans le tabernacle avec celles des chefs des autres tribus, lleurit seule et se couvrit de fruits. Une branche, détachée du tronc et desséchée, ne pouvait produire naturellement des fleurs et des fruits. Dieu, en lui rendant la sève et la verdeur, montrait qu’il avait communiqué à son possesseur les droits et les pouvoirs sacerdotaux avec l’efficacité divine d’en produire les riches et bienfaisants effets. Num., xvii, 1-13 ; S. Nil, Pcristeria, sect. xi, c. x, P. G., t. lxxix, col. 917. Dieu la fit mettre dans le tabernacle en souvenir perpétuel de l’événement. Ilebr., ix, 4. Les lois de pureté furent encore données à Aaron. Num., xviii, 1 ; xix, 1. Pour avoir manqué d’une absolue confiance en Dieu, Aaron ne verra pas la terre promise, Num., XX, 12, 24 ; en conséquence, il mourut sur le mont Horeb, après avoir été dépouillé de ses vêtements de grand-prêtre. Num., xx, 25-30.

II. Aaron figure de Jésus-Christ, le souverain prêtre de LA LOI nouvelle. —

D’après saint Paul. —

Étant donné le caractère figuratif de l’ancienne loi, l’analogie des situations eût suffi à justifier la comparaison d’Aaron, le premier grand-prêtre des Juifs, avec Jésus-Christ, le souverain prêtre de la loi nouvelle. Mais saint Paul, sous l’inspiration du Saint-Esprit, a esquissé cette comparaison et indiqué deux points de rapprochement entre le sacerdoce personnel d’Aaron et celui de Jésus. — 1° Au point de vue de la rocaJion.-Aucun homme n’a le droit de s’arroger l’honneur du sacerdoce ; pour en porter le titre, il faut y avoir été appelé par Dieu comme Aaron. C’est pourquoi le Christ ne s’est pas élevé de lui-même à la dignité de pontife ; Dieu l’a glorifié et l’a constitué prêtre éternel selon l’ordre de Melchisédech. Hebr., v, 4-6. Ainsi donc, malgré la différence de leur ordre, Aaron et le Christ ont eu besoin de la vocation divine pour être honorés du sacerdoce. — 2° Au point de vue de l’ef/icacile et de la perpétuité. -Lesacerdoce aaronique est inférieur sous ce rapport au sacerdoce de Jésus-Christ. Si, en effet, il avait pu rendre les hommes parfaits et leur donner la justice qui rend agréable à Dieu, il n’eût pas été nécessaire qu’il s’élevât un prêtre d’un ordre différent. La translation des pouvoirs sacerdotaux à un membre de la. tribu de Juda a donc abrogé le sacerdoce lévitique, et Jésus-Christ a succédé à Aaron. Hebr., vii, 11-12. Cf. S. Jean Chrysostome, In epist. ad Heb., homil. xiii, n. 1, P. G., t. lxiii, col. 101-103.

D’après les Pères. —

Les Pères et le6 écrivains ecclésiastiques devaient logiquement, semble-t-il, partir des données de saint Paul pour développer davantage le caractère figuratif du sacerdoce d’Aaron. Seul, à notre connaissance du moins, saint Cyrille d’Alexandrie, De adoratione in spiritu et veritate, l. XI, P. G., t. lxviii, . col. 725-732, l’a fait. Il rappelle la vocation divine d’Aaron, cite saint Paul et conclut qu’Aaron était le type de Jésus-Christ et de son sacerdoce qui est un sacerdoce en esprit et en vérité. Dieu a ordonné â Moïse de s’adjoindre Aaron ; c’est une préfiguration de l’infirmité et de l’imperfection de la loi ancienne, si elle est séparée du Christ. Que les Juifs qui aiment encore l’ombre et la lettre des institutions mosaïques, sachent donc que leur culte et leur religion seront vains et inutiles, s’ils ne s’adjoignent au prêtre Jésus-Christ. Aaron éloquent, qui est donné par Dieu à Moïse pour l’aider dans sa mission de sauver Israël, est encore le type de Jésus-Christ, qui peut facilement tout parfaire. Israël n’aurait pas pu être délivré, si le Christ, représenté par Aaron, n’avait été adjoint à Moïse dont la voix était grêle et impuissante. Remar