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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/249

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ADRIEN HAMSTEDIUS — ADULTÈRE (LE PÉCHÉ D’)

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11. ADRIEN HAMSTEDIUS. Voir âdriamtes.

ADSON. — I. Sa vie. II. Ses ouvrages.

I. Sa vie.

Adson, dont le nom est écrit quelquefois Asson ou Azon, fut un des écrivains ecclésiastiques les plus féconds « lu xsiècle Il naquit au commencement de ce siècle, d’une noble et riche famille de la Bourgogne transjurane, dans les environs de la ville de Saint-Claude. Il fut élevé des scs premières années au monastère de Luxeuil. Il y fit de remarquables progrés dans les lettres, les sciences et la vertu, et y embrassa la vie monastique. Ue Luxeuil, il vint à Toul, appelé par l’évéque saint Gauzelin pour diriger l’école épiscopale de l’abbaye de Saint-Epvre. Quelques années plus tard, il suivit Albéric, moine de Saint-Epvre élu abbé de Montierender, au diocèse de Chàlons. Après avoir été l’auxiliaire précieux d’Albéric, Adson devint son successeur en 978 à la tête de cet important monastère que saint Bercaire avait fondé au vif siècle dans l’immense forêt du Der, d’où le nom de Montier-en-Der. Sous l’administration d’Adson, la discipline reprit une nouvelle vigueur, les études furent encouragées, le cloître fut construit et la belle église qui subsiste encore aujourd’hui commença de s’élever. Entre temps l’infatigable abbé alla fonder ou réorganiser des écoles, à la prière des évéques, dans les diocèses de Langres, de Troyes, de Châlons, comme il avait fait précédemment dans le diocèse de Toul. Il entreprit dans sa vieillesse, âgé’de plus de quatre-vingts ans, le pèlerinage des saints lieux, en compagnie d’un seigneur qu’il avait converti, Hilduin comte d’Arcy ; mais il ne vit pas Jérusalem et mourut pendant la traversée, le 14 juin 992.

II. Ses ouvrages.

Adson a abordé presque tous les genres de littérature ecclésiastique, et ses ouvrages nous le révèlent à la fois théologien, moraliste, historien, liturgiste et poète. On peut voir la liste complète de ses écrits dans l’Histoire littéraire de la France, Paris, 1742, t. vi, (77-492. Voici les principaux : 1° Traité de l’Antéchrist, rédigé vers 950 et dédié à la reine Gerberge, femme du roi Louis IV d’Outre-Mer. Cet écrit fut attribué à Alcuin, à Raban Maur, et même à saint Augustin, et plusieurs fois édité parmi les œuvres de ces auteurs. Il est aujourd’hui démontré que ces attributions sont fausses, mais elles font honneur à Adson qui est le véritable auteur du trait !’. Hist litt., Inc. cit. — 2° Vie de saint Mansui, premier évêque de Toul, écrite à la demande de l’évéque saint Gérard, 963-991. Acta sanctorum, Paris, 1868, t. XLI, p. 615-651. — 3 « Vie de saint Frobert ou Frodobert, fondateur et premier abbé de Montier-la-Celle, près de Trojes, viie siècle, Actesanct., Paris, 1865, t. i, p. 505-513. — 4° Vie de saint Walbert ou Valdebert, deuxième abbé de Luxeuil, viiie siècle. Acta sanct., Paris, 1866, t. xiv, p. 282-287. —5 » Vie de sam<£tercaire, premierabbé de Montiérender.viFsiècle. Acta sanct., Bruxelles, 1855, t. lv, p. 1 1 0-1 031. — 6° Vie de saint liasle, confesseur, qui a donné son nom à une abbaye du diocèse de Reims, VIe siècle, publiée par Mabillon, Acta sanct. ordin. sancti Benedicti, Paris, 1668, t. ii, p. 67-75 ; t. vi, p. 137-142. On trouvera les Ouvrages qui précèdent au tome cxxxvii de la l’atrulogie latin*- — 7° Dom Calmet, Histoire de Lorraine, t. i. Nancy, 1745, Preuves, exix, attribue à Adson l’histoire de « évéques de Toul, rédigée à l’imitation du Liber pontificalis de Rome et citée ordinairement sous le titre Getta epiteoporum Tulleruivmi. Cette attribution est possible et même vraisemblable pour la première partie de Gesta qui va de saint Mansuy à saint Gauzelin contemporain d’Adson, mais elle n’est pas certaine. P. L., t. ci. vii, col. 445-476. — Dana ses travaux hagiographiques l’abbé de Montierender a le défaut des auteurs de son époque : il paraît viser avant tout à l’édification et manque de critique historique. D. Rivet lui rend néanmoins ce témoignage favorable, dans l’Histoire littéraire de la France, loc. cit., p. 492 : « Il avait beaucoup plus de talent pour écrire que la plupart des auteurs de son temps. Il le fait avec gravité, avec candeur, avec un air de piété et même avec onction. Son style est assez pur pour son temps et ordinairement clair et varié. »

Dom Rivet, Histoire littéraire de la France, Paris. 1742, t. VI, p. 471-492 ; dora Calmet, Histoire de Lorraine, Nancy, 1745, Preuves, 1. 1, p. exix ; Nancy, 1751, t. IV ; liibliolhèque lorraine, p. 22-25 ; Gallia christiana, Paris, 1751, t. IX, p. 913915 ; dom Geillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1754, t. xix, p. 698-708 ; Pertz, Monumenta Germanise lustorica, Scriptores, t. vi, Hanovre, 1841, p. 487490 ; abbé Bouillevaux, Les moines du Der, Langres, 1845 ; abbé Vanson, Les origines de l’Église de Toul, Nancy. 1891.

A. Bel’GNET.



ADULTÈRE.

Nous considérons l’adultère, soit en lui-même comme opposé à la morale, soit dans ses rapports avec le mariage. Cette matière sera divisée en neuf articles :


1° Le péché d’adultère ;
2° L’adultère et le lien du mariage d’après la sainte Écriture ;
3° L’adultère et le lien du mariage d’après les Pères de l’Église ;
4° L’adultère et le lien de mariage dans l’Église latine du Ve au XVIe siècle ;
5° L’adultère et le lien du mariage’d’après le concile de Trente ;
6° L’adultère. cause de divorce dans les Églises orientales ;
7° L’adultère, cause de séparation de corps et de résidence ;
8° L’adultère empêchement de mariage. Les autres motifs pour lesquels on a cru dans certaines églises et à certaines époques pouvoir briser le lien du mariage, seront étudiés au mot Divorce.



I. ADULTÈRE (Le péché d’).


I. Notion.
II. Espèces.
III. Culpabilité et peines.
IV. Obligations qu’il impose.

I. Notion.

D’après l’étymologie « ad alterum, sous-entendu ire », aller à un autre, ce mot désigne l’acte par lequel un époux, trahissant la fidélité jurée au mariage, livre son corps à une personne autre que son conjoint.

Seul le christianisme, doctrine morale par excellence, nous a donné la notion complète de ce crime. Sous l’empire du code romain il n’y avait adultère que dans le cas d’union illicite avec une femme mariée. L’époux de celle-ci pouvait, sans encourir le même reproohe qu’elle, entretenir des relations déshonnètes avec une fille libre (soluta), avec une esclave, une femme de basse condition ou une concubine ordinaire. Cf. Ad. Leg. Julia, De adult., 6, § 1 ff. Et il en a été ainsi dans la plupart des législations. C’est presque toujours sur la femme qu’elles ont déployé leurs rigueurs. Je veux bien, avec Montesquieu, que la violation de la pudeur suppose, chez la femme, le renoncement à toutes les vertus, je crois également, avec lui, qu’elle sort de sa dépendance naturelle quand elle enfreint les lois du mariage, je sais enfin que la nature a marqué son infidélité par des signes certains, mais tout cela n’excuse pas l’excessive indulgence que les lois ont montrée vis-à-vis de l’homme. Jésus-Christ s’attacha à combattre cette aberration. En rappelant la primitive institution du mariage et surtout en l’élevant à la dignité de sacrement, il enseigna que le pacte conjugal est violé’par l’infidélité de l’homme aussi bien que par celle de la femme. 1. époux, selon saint Paul, n’est pas plus libre de son corps que l’épouse. 1 Cor., vii, 4. En se plaçant à la lumière de l’Évangile, les Pères, qui furent, on le sait, les vrais fondateurs de la théologie, écrivirent des traités et firent des homélies pour faire prévaloir cette doctrine. On la retrouve dans les œuvres de saint Augustin, De bono conjug., P. L., t. xi., paisim, dans Tertullien De monogam. , c. ix, P. L., t. ii, col. ! li<(, et dans les Institutions de Lactance, VI, c. xxiii, P. L., t. vi, col. 719. Ils sont donc parfaitement autorisés, les théologiens contemporains qui définissent l’adultère : l’union illicite d’une femme mariée avec un autre homme que son mari, ou d’un bouillie marié’avec une autre femme que la sienne. Qu’on