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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/565

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10"

AMÉRIQUE (ÉTATS-UNIS D’). PROTESTANTISME

107G

SECTES [Tableau à insérer]

Adventistes…

Universalistes..

Mennonites…

1890

60 491 49 104 41541

1899

80 482 46 522

57 048

En ajoutant ces chiffres à ceux des sectes moins importantes, onarrive, pour l’année du recensement officiel (1890), au nombre de 14180000 communiants.

Il y avait alors une population totale de 02022 250 ; il faut déduire de ce chiffre 0257871 communiants catholiques, puis les enfants qui ne sont pas comptés parmi les communiants, et enfin les juifs, mormons, etc. ; mais, après toutes ces éliminations successives, il restera une masse considérable, 30 millions environ, qui, chrétiens de nom, ne pratiquent point leur religion. Il y a donc là un vaste champ ouvert au zèle évangélique. On a pu remarquer aussi, d’après les chiffres donnés, que toutes les communions, sauf les universalistes, sont en progrès, et quand on suit le mouvement de la population, on voit que le nombre des communiants augmente dans une progression plus forte que celui de la population elle-même:de 1880 à 1890, la population a augmenté d’environ 25 p. 100, le nombre des communiants de 42 p. 100. C’est là un gain assurément, mais beaucoup pensent que le christianisme n’y a pas beaucoup gagné, parce que le nombre des vérités qu’il faut croire pour être un communiant devient de plus en plus minime. Il y a dans le peuple américain un sentiment religieux profondément enraciné et très universel, qui fait qu’on s’intéresse aux questions de religion, qu’on respecte le christianisme et qu’il est de bon ton de faire partie d’une communion chrétienne ; mais ce sentiment est bien vague, même quand il s’agit des dogmes fondamentaux de la Trinité et de l’Incarnation ; aussi l’on exige bien peu des laïques, beaucoup de ministres, même orthodoxes, acceptant dans leur troupeau des fidèles qui ne croient pas en la divinité de Jésus-Christ, sous le prétexte que les confessions de foi s’adressent au clergé et non à ses ouailles.

II. Principales écoles théologiques. — 1° La première école théologique américaine doit son origine à Jonathas Edwards (1703-1758), qui est communément regardé comme le plus grand philosophe que l’Amérique ait produit ; aussi on appelle parfois cette école edivardienne, plus souvent cependant, l’école théologique de la Nouvelle-Angleterre, ou simplement l’école américaine.

Son fondateur était, en philosophie, un disciple de Locke et, en religion, un calviniste austère; aussi se fit-il un devoir de réfuter les théories arminiennes qui, au début du xvin e siècle, avaient passé d’Angleterre en Amérique. En psychologie, il est déterministe, et enseigne que la volonté suit invariablement, mais non nécessairement, les tendances antécédentes les plus fortes : le pécheur est donc capable physiquement de faire le bien, mais moralement il est inapte à le faire tant qu’il n’est pas régénéré par la grâce de Dieu. Pour expliquer le péché originel, il maintient que, par une loi spéciale de Dieu, notre volonté a été identifiée avec celle d’Adam. La rédemption s’est opérée par la libre substitution du Christ au pécheur, mais, même après l’incarnation, Dieu n’est pas tenu de régénérer et de sauver 1rs hommes : leur prédestination dépend toujours de son libre choix. La justification se fait par la foi, non en tant que celle-ci est méritoire, mais en tant qu’elle nous unit au Christ. La vraie vertu consiste dans l’amour de bienveillance que nous devons aux êtres selon le degré de perfection ou de bonté qui est en chacun d’eux : à l’Etre infini, nous « levons un amour sans borne, aux créatures un amour limité. Ces principes furent adoptés, avec des variantes, par les disciples d’Edwards, à savoir : Joseph liellamy (1719-179(1), Samuel llopkins (1721-1803), John Smalley ( 1731-1820), Jonalhas Edwards junior

(1746-4801) et Nathaniel Emmons (1745-1840). Timothée Dwight (1752-1817), président du collège de Yale, adoucit singulièrement ces doctrines calvinistes, pour les rendre plus acceptables ; et son disciple, Nathaniel Taylor (1786-1858), le fit encore davantage en disant que le péché originel n’est pas un péché héréditaire, ni une corruption antécédente de la nature humaine, mais seulement une disposition ou inclination, en vertu de laquelle nous péchons, tant que nous ne sommes pas régénérés : aussi fut-il traité de semi-pélagien. Cette tendance fut encore accentuée par l’école d’Oberlin, Ohio, dont le principal représentant fut Charles G. Finney (1792-1875). D’après lui, le pécheur est parfaitement capable de se repentir sous l’action du Saint-Esprit ; la foi et le repentir sont aussi nécessaires à la justification que la rédemption, qui ne fait qu’enlever un obstacle au pardon ; le bonheur est le but suprême qu’il faut poursuivre, et la sainteté consiste à désirer et promouvoir le bonheur de l’univers. Enfin, les vues libérales d’Albert Barnes (1798-1870) et de Lyman Beecher (17751863), qui enseignèrent l’universalité de la rédemption, par opposition au strict calvinisme, amenèrent une scission dans l’église presbytérienne et une distinction entre l’ancienne et la nouvelle école. L’université de Princeton, New-Jersey, soutint vigoureusement les vieilles doctrines, que l’on peut trouver exposées dans la Théologie systématique de Charles Hodge (1797-1878), l’un des meilleurs manuels de théologie calviniste.

2° École unitaire. — Les doctrines calvinistes, communément acceptées dans la Nouvelle-Angleterre, n’étaient pas sans révolter bon nombre d’esprits sérieux, et plusieurs, par voie de réaction, tombèrent non seulement dans l’arminianisme mais encore dans l’unitarisme de Priestley. En 1805 Henri Ware, unitaire, fut nommé professeur de théologie à l’Université Harvard, près de Boston, et cette école, bien que déclarée plus tard non confessionnelle, est encore aujourd’hui entre les mair.3 des unitaires. Mais le grand champion des nouvelles doctrines fut Channing (1780-1842), que la pureté et la noblesse de son caractère aussi bien que son talent littéraire firent estimer même de ses adversaires. Andrews Morton (1786-1853) vint donner à la secte l’appui de son érudition ; B. W. Emerson (1803-1882) lui apporta son talent littéraire, mais alla plus loin que ses devanciers et tomba dans une sorte de transcendantalisme très voisin du panthéisme. Théodore Parker (1810-1800), sans aller aussi loin, nia les miracles et le côté surnaturel du christianisme, qui, d’après lui, n’est que le fruit naturel de la raison humaine. C’est ainsi que l’unitarisme est devenu pour ainsi dire un pont entre le christianisme et le rationalisme modéré ; beaucoup d’unitaires en effet tombent dans le rationalisme, et voilà pourquoi, malgré leurs conquêtes, ils n’augmentent guère en nombre. Parmi les défenseurs récents des doctrines unitaires mentionnons James Freeman Clarke, mort en 1888, et A. P. Peahody, mort en 1893.

A cette école se rattache, dans une certaine mesure, l’école universaliste ; sans doute son fondateur en Amérique, John Murray (1741-1815), croyait en la Trinité ; mais celui qui a le plus fait pour la secte et formulé le plus clairement ses doctrines, llosea Ballon (1771-1852), rejette, comme les unitaires, la Trinité, la divinité de Jésus-Christ et la rédemption proprement dite.

3° École de Mercersburg. — C’est dans l’Eglise réformée allemande qu’est née celte école, dont les trois principaux chefs sont F. A. Kauch (1806-1841), le philosophe,.1. W. Nevin (1803-1886), le théologien, le 1’. Schaff (1819-1893), l’historien ; Meiversluirg est le nom d’un village de la Pensylvanie, situé’dans les montagnes du comté Franklin, où les réformés allemands avaient leur principal séminaire de théologie. L’idéemère de la nouvelle école fut de laisser dans l’ombre les questions de prédestination et de grâce pour rame