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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/568

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AMÉRIQUE LATINE

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c. cvi-cvii ; H. K. Carroll, The religious forces of the United States, New-York, -1803 ; L. W. Bacon, A history of American Christianity, New-York, 1807 ; American Church history séries, 13 vol., NewYork, 1803-1897 ; Fisher, History of Cliristian doctrine, New-York, 1806, p. 394-445 ; J. F. Hurst, Our theological century, NewYork, 1877 ; W. Gladden, The Christian pastor and the working Church, New-York, 1898. — Pour les statistiques récentes, nous avons consulté, outre les rapports officiels, The independent, le grand journal protestant de New-York et The world almanac, New-York, 1809.

A. Tanquerey.



IV. AMÉRIQUE LATINE.
I. Histoire générale.
II. Concile plénier.
III. Privilèges.
IV. Éducation du clergé et sciences sacrées.
V. Saint-Domingue et Haïti.
VI. Cuba et iles voisines.
VII. Mexique.
VIII. Guatemala et républiques voisines.
IX. Colombie.
X. Equateur.
XI. Bolivie.
XII. Pérou.
XIII. Chili.
XIV. République argentine et Patagonie.
XV. Uruguay.
XVI. Paraguay
XVII. Brésil.
XVIII. Venezuela.
XIX. Tableau statistique.

L’Amérique est divisée géographiquement en Amérique du Nord, Amérique centrale et Amérique du Sud. Le terme Amérique latine est une dénomination ecclésiastique. Elle s’applique à la partie du nouveau monde qui embrasse le Mexique, l’Amérique centrale avec les Antilles et toute l’Amérique du Sud. L’Amérique latine forme dans l’Église catholique un groupe distinct, dont l’homogénéité a été fortifiée et consacrée dans ces dernières années, soit par la tenue et les décrets doctrinaux et disciplinaires d’un grand concile plénier, soit par les privilèges accordés en commun à tous les diocèses réunis sous cette dénomination.

Ce groupe est d’ailleurs caractérisé par des traits particuliers bien distincts. Il a été colonisé par les Espagnols et les Portugais ; il resta jusqu’au commencement de ce siècle sous la dépendance de l’Espagne et du Portugal ; il parle encore la langue de ces pays. Il est aussi comme eux presque totalement catholique. Les protestants et les juifs ne s’y rencontrent qu’en très petit nombre. On y trouve sans doute encore des Indiens, descendants des premiers habitants, qui ont conservé la langue et la religion de leurs ancêtres, mais ils vivent à l’état sauvage, en dehors de la population civilisée, et sont, eux aussi, relativement peu nombreux.

Pour mettre un peu d’ordre dans cet article, le plus simple est de commencer par les indications communes à toute l’Amérique latine, son histoire, son concile plénier, ses privilèges, les règles prescrites pour l’éducation de son clergé, de parcourir ensuite chaque pays particulier.

Nous nous arrêterons d’abord aux Antilles, premier pays découvert par Christophe Colomb, puis au Mexique. De là nous passerons par l’Amérique centrale en la prenant à gauche, et nous parcourrons la Colombie, l’Equateur, puis le Pérou et la Bolivie. Nous arriverons par le Chili au détroit de Magellan et reviendrons par la côte est, nous trouverons sur notre route la République argentine, l’Uruguay et le Paraguay, et enfin le Brésil qui, par la Guyane, nous conduira au Venezuela. Nous aurons ainsi vu toute l’Amérique latine, puisque nous serons revenus aux confins de la Colombie.

I. Histoire générale.

Deux grands peuples, deux idiomes se sont partagé le nouveau monde, suivant l’arbitrage d’Alexandre VI. Ce pape donna trois bulles pour régler le différend qui s’était élevé entre Jean II, roi de Portugal, et Ferdinand V, roi de Castille, au sujet de la possession de ces vastes régions ; la plus célèbre, celle qui trancha toute la difficulté, est la bulle Inter csetera, du 4 mai 1493. En vertu de cette bulle, il traça sur une carte, qui existe encore au musée Borgia de la Propagande, une ligne idéale, à l’ouest des Açores et du Cap-Vert. Le roi de Castille devait posséder les terres, îles ou continents à découvrir à l’ouest de cette ligne, et le roi Portugal, celles qu’il découvrirait à l’orient de cette même ligne ; selon une concession antérieure, Eugène IV accordait à ce dernier souverain les pays à découvrir en Afrique et en Ethiopie. La ligne de démarcation tracée par le pontife est au 55e degré longitude ouest de Paris et coupe une partie de l’Amérique du Sud. C’est pour ce motif que le Brésil a été portugais, tandis que les autres parties de ce même continent, qui se trouvaient à l’ouest de cette division, sont devenues espagnoles.

Le but de la conquête de ces nouvelles terres était clairement indiqué dans la bulle pontificale : Vnde omnibus diligenler et præserlim ficlei catholiese exallatione et dilatatione ( prout decet catholicos reges et principes) consideratis, more primogenitoritm vestrorum darse mémorise regum, terras firmas et insulas prsedictas illarumque incolas et habitatores vobis, divina favente clementia et ad fidem catholicam reducere proposuistis. La conversion des infidèles était le seul but qu’eût en vue le pieux roi Ferdinand ; c’est celui que poursuit le pape. S’il accorde aux deux rois chrétiens des terres et de nouveaux sujets, c’est pour qu’ils les amènent à Jésus-Christ. Planter la croix fut le premier acte de Christophe Colomb, quand il toucha, le Il octobre 1492, une des Lucayes ; affermir la croix fut l’œuvre d’Alexandre VI et de ses successeurs : c’est ce que prouve à l’évidence la création des divers sièges américains.

Si les colons européens agirent trop souvent en bourreaux vis-à-vis des Indiens de l’Amérique, les missionnaires catholiques s’appliquèrent à les convertir avec toute la charité et le zèle qu’inspire la religion chrétienne.

L’histoire de l’évangélisation de l’Amérique latine est facile à faire. Jules II envoyait, en 1512, deux évêques aux îles de Saint-Domingue et Porto-Rico. Sept ans après, en 1519, Léon X envoyait Julien Garces dans le Yucatan où il fonda la ville d’Angélopolis, près de Tlascala. Il instituait AlessandroGiraldini, évêque de Saint-Domingue, avec les pouvoirs de légat a latere et le chargeait d’organiser la religion chrétienne dans ces contrées nouvelles. Adrien VI, en 1522, donnait à l’île de Cuba son premier évêque. En 1527, Clément VII accordait au Mexique son premier prélat, dans la personne de Jean de Zumarraga, de l’ordre de Saint-François ; et, trois ans plus tard, il nommait un évêqueà Venezuela. Sous Paul III sont créés les sièges de Guatemala, de Lima et de Quito. Nous sommes au milieu du xvie siècle, cinquante ans après la découverte de l’Amérique : le Brésil et le Chili ont des évêques et tout le nouveau continent possède une hiérarchie ecclésiastique. Il suffira aux successeurs de ce pape de la développer et de l’accroître, suivant les besoins des fidèles. C’est ce qu’ils ne cessèrent de faire jusqu’à la fin du xviiie siècle, encourageant les efforts et le zèle du clergé américain. A cette époque, la religion et la civilisation étaient tlorissantes dans toute l’Amérique latine. « Pendant que la Révolution parcourait l’Europe, renversant les autels, brisant les trônes, toute l’Église d’Amérique, ignorant ces troubles, servait Dieu et jouissait du bienfait de la paix. Ce n’était plus ce monde inconnu aux anciens et que souillaient des sacrifices humains. D’une mer à l’autre, du nord au midi, se dressaient des villes et des forteresses qui, pour le nombre des habitants, la grandeur des palais, le disputaient aux villes d’Espagne, de France et d’Italie. Les basiliques resplendissaient de l’éclat de l’or et de l’argent et entendaient retentir dans leurs murs le nom suave du vrai Dieu. D’insignes sanctuaires dédiés à la reine du ciel témoignaient partout de la piété des habitants. Des collèges nombreux, des académies, des écoles, des hôpitaux, des monastères attestaient la libéralité des pasteurs et du troupeau. Les routes ouvertes à grands frais parmi de hautes et difficiles montagnes prouvaient la vigilance des chefs des États, dont plusieurs furent évêques. Mais une œuvre plus belle s’était accomplie : le Christ avait vaincu, le Christ régnait, le Christ gou-